
Sur le site web de Triodos, je peux voir toutes les entreprises et organisations à qui la Banque Triodos prête mon épargne. Les fonds investis dans les placements sont-ils eux aussi consacrés uniquement à des initiatives durables ?
Chris: « Oui, grâce à la méthode de sélection des actions et obligations qui entrent dans les fonds de placement Triodos. Parce que seules des entreprises ayant un impact positif sur les humains et sur la planète peuvent prétendre en faire partie. De nombreuses institutions financières utilisent ce qu’on appelle la méthode « best in class » et sélectionnent dans chaque secteur les entreprises obtenant le meilleur score en termes d’écologie et d’impact social. En procédant de la sorte, on retrouve dans certains portefeuilles des entreprises ayant obtenu le meilleur score dans des secteurs non durables – par exemple une entreprise du secteur pétrolier qui exploite parallèlement un parc éolien. Chez nous, vous ne trouverez pas une seule entreprise du secteur pétrolier dans notre portefeuille, parce que ce secteur est exclu. Toutes les entreprises dans lesquelles les fonds Triodos investissent figurent sur notre site web. »
En quoi consiste précisément votre méthode de sélection ?
« La sélection est opérée par Triodos Investment Management – le gestionnaire des fonds de placement Triodos – et se déroule en trois étapes. Pour commencer, les analystes de Triodos IM vérifient si une entreprise contribue à la transition vers un monde plus durable. Une entreprise a-t-elle par exemple un apport positif durable en termes d’infrastructures, de mobilité, de bien-être ou de santé ? Ou propose-t-elle des innovations durables, de l’inclusion sociale ou des énergies renouvelables ? Au total, nous avons défini sept thèmes de transition.
Lorsqu’une entreprise s’inscrit dans au moins un de ces thèmes, nous passons à la deuxième étape : vérifier si elle atteint nos exigences minimales. Nous excluons par exemple les entreprises qui transgressent les droits du travail ou les droits humains, ou qui sont actives dans les secteurs de l’armement, de l’énergie nucléaire ou des carburants fossiles.
La troisième étape consiste à coupler cette analyse de durabilité à une analyse financière. Tout le long de ce processus, les analystes dialoguent avec l’entreprise et l’interrogent sur sa politique générale et les mesures préventives qu’elle prend. Le risque d’inclure une entreprise dans ses fonds, si elle est en désaccord avec la philosophie de la Banque Triodos, est donc très réduit ».
Qu’est-il prévu si une entreprise change de cap ?
« Lorsqu’une entreprise fait parler d’elle, par exemple pour avoir enfreint certains droits, les analystes de Triodos IM la contactent pour lui demander des éclaircissements. Ils s’intéressent également aux mesures prises par l’entreprise pour éviter que le problème ne se reproduise à l’avenir. En fonction des réponses et des actions envisagées, les gestionnaires du fonds décident de maintenir - ou non - leur investissement. »
« L’investissement s’arrête également lorsque des entreprises s’adonnent à des activités que nous excluons. Ce fut par exemple le cas de la société de recyclage américaine Waste Management qui a racheté un de ses concurrents, Advanced Disposal, dont une des activités consistait en l’exploitation de gaz de schiste. Waste Management a tout simplement été retirée du portefeuille : les analystes de Triodos IM sont entrés en dialogue avec l’entreprise pour connaître ses intentions après la reprise, et plus précisément pour savoir si elle avait l’intention de cesser les activités liées au gaz de schiste. Comme une reconversion n’était pas à l’ordre du jour, Waste Management a été sortie du portefeuille.
À l’inverse, il n’est pas rare que le dialogue débouche sur des résultats constructifs. Fin de l’année dernière, les analystes ont été en contact avec l’équipe durabilité de l’équipementier automobile français Valeo. Ses objectifs de réduction de CO2 n’avaient aucun fondement scientifique et ne faisaient pas partie d’un plan global. L’entreprise s’est donc attelée à l’élaboration d’un plan de réduction du CO2, en demandant des informations à Triodos IM. Depuis le début de l’année, Valeo adhère à la campagne 1,5°C Business Ambition, lancée par la Science Based Targets initiative (SBTi). »
Pour ceux qui n’ont pas le temps ou l’envie de se plonger dans la gestion des placements, vous proposez également de la gestion de patrimoine. En quoi cela consiste-t-il exactement ?
« Nos chargés de relation vous accompagnent dans le choix des placements les plus adéquats. Nous prenons notamment en considération votre situation personnelle, vos besoins et vos intérêts, votre horizon de placement, ou encore le risque que vous acceptez de prendre. Ensuite, nous dressons ensemble un profil de risque à partir d’un questionnaire portant sur votre situation financière, vos objectifs, vos connaissances et votre expérience.
En fonction de votre profil, nous plaçons votre argent dans une sélection de fonds d’impact appartenant au Triodos Impact Portfolio. Imaginons que vous ayez un profil de risque neutre : votre portefeuille se composera dans ce cas de 42,5 % d’actions, 50 % d’obligations et 7,5 % de placements dans des fonds thématiques tels que le microcrédit. Si votre profil est dynamique, le pourcentage d’actions sera plus élevé ; en revanche, s’il est défensif, la proportion d’actions sera plus faible. Nous assurons ensuite le suivi de l’évolution de votre portefeuille afin que la quantité d’actions reste en permanence dans les limites définies par votre profil de risque. Bref, nous gérons vos placements pour vous, en respectant ce que nous avons décidé ensemble ».
Quel montant dois-je investir pour pouvoir bénéficier de ce service ?
« Vous pouvez déjà bénéficier de ce service à partir de 5.000 euros, que vous pouvez ensuite compléter par d’autres tranches de 5.000 euros pour construire votre patrimoine. Il faut surtout pouvoir se passer de cet argent pendant un certain temps. Vous pouvez toujours récupérer votre argent par tranches de 5.000 euros, mais un placement ne devient intéressant que lorsque les fonds restent bloqués pendant au moins cinq ans ».
Et quel est le coût de ce service ?
« L’indemnité de gestion, payable trimestriellement, s’élève à 0,90% par an, hors TVA. Cette indemnité n’est pas due lorsque vous gérez vous-même vos placements dans un ou plusieurs fonds de votre choix ; dans ce cas, vous ne payez qu’une seule fois l’indemnité d’entrée. Dans les deux cas – que la gestion des placements soit assurée par vous-même ou par nos services – vous payez les frais inhérents au fonds, calculés dans le cours des fonds, et sur lesquels la banque perçoit une indemnité ».
Y a-t-il encore d’autres différences par rapport aux placements qu’on effectue soi-même ?
« Lorsque vous effectuez vous-même vos placements chez Triodos, vous avez le choix parmi six Fonds Triodos Impact composés d’actions, d’obligations ou d’une combinaison des deux. Tous ces fonds investissent dans des valeurs cotées en bourse et sont donc négociables quotidiennement.
Par ailleurs, le Triodos Impact Portfolio contient également des fonds qui ne constituent pas des placements boursiers, notamment un fonds qui finance des organismes de microcrédit. Ces organismes accordent des prêts à petite échelle à des particuliers souhaitant financer une activité leur permettant de s’assurer des revenus, par exemple la création d’un atelier de couture. Ce fonds n’est pas directement soumis à la volatilité de la bourse, comme ce fut par exemple le cas en mars de l’année dernière, et propose donc un portefeuille très diversifié.
En revanche, ces placements sont moins rapidement négociables : il n’est pas possible de les revendre quotidiennement mais à des moments bien précis, par exemple mensuellement pour les microfinancements. Le grand avantage par rapport au fait de gérer soi-même ses placements est que vous confiez votre argent à des spécialistes qui l’investiront en respectant vos valeurs et vos critères ».
Merci pour votre commentaire!
Confirmez votre commentaire et cliquant sur le lien que vous avez reçu par e-mail