Le système financier n'est pas un ensemble d'outils neutres ou objectifs. C'est une force motrice qui façonne nos économies, nos sociétés et, en fin de compte, notre avenir. La Banque Triodos reconnaît que le système actuel est devenu trop axé sur le profit privé à court terme, qu'il est de plus en plus déconnecté de l'économie réelle, qu'il est trop concentré et complexe et qu'il néglige souvent le bien-être écologique et social. La banque estime que la finance doit avant tout servir les personnes et la planète.
Cela signifie que :
- Nous avons besoin que les capitaux soient orientés vers des objectifs regénératifs tels que les énergies renouvelables, les logements abordables et la restauration de la nature, et détournés des activités spéculatives et extractives. Mais si les flux financiers continuent d'être déterminés uniquement par le risque et le rendement, ils ne serviront pas nécessairement les objectifs sociétaux. Le secteur financier a besoin de directives démocratiques en matière de crédit et d'investissement afin de déterminer vers quels objectifs sociaux et environnementaux les capitaux doivent être orientés.
- La Banque Triodos soutient l'introduction d'un euro numérique public, régi par la Banque centrale européenne. Il ne s'agit pas de remplacer les systèmes de paiement privés, mais de renforcer la concurrence entre eux et de réduire la dépendance à l'égard d'une poignée de prestataires de services de paiement (étrangers). Si cette mesure est bien mise en œuvre, elle pourrait également améliorer l'inclusivité et la stabilité de notre système de paiement. La position de la Banque Triodos repose sur la conviction que l'argent et les paiements sont des biens publics qui nécessitent une plus grande protection publique. En outre, un euro numérique pourrait renforcer le rôle international de l'euro et améliorer notre autonomie stratégique et notre résilience.
- Nous avons besoin d'un secteur financier qui se concentre sur la création de valeur dans l'économie réelle et qui gère les risques en conséquence. Cela nécessite de la transparence, une réglementation, une surveillance et une fiscalité plus strictes afin de limiter et de démanteler les éléments inutiles du secteur financier. Dans certains cas, cela signifie que les banques doivent s'engager dans des prêts plus risqués afin de faciliter les transitions nécessaires vers une économie plus durable. Cela pourrait être réalisé grâce à des exigences de fonds propres génériques plus élevées, incitant les banques à s'engager dans des prêts plus risqués. Fondamentalement, le crédit doit être rétabli en tant que relation sociale. Cela nécessite également des chaînes d'intermédiation plus courtes entre l'emprunteur et le prêteur.
Marcel Zuidam, PDG de la Banque Triodos :
« Depuis 45 ans, la Banque Triodos œuvre pour transformer le système financier de l'intérieur. Cette vision actualise cette ambition. Elle nous invite à reconnaître que notre système financier n'est pas une toile de fond neutre, mais un lieu central de transformation, et elle propose une feuille de route pour qu'il évolue de manière à servir nos vies de manière équitable, consciente et dans les limites de notre planète. Nous exhortons les décideurs politiques, les institutions financières et la société civile à se joindre à nous pour rétablir l'intérêt public dans la finance et s’assurer que le capital serve véritablement l'économie réelle. En travaillant ensemble à la mise en œuvre de ces réformes urgentes, nous pouvons reconstruire un système financier résilient, inclusif et adapté aux défis du XXIe siècle. »
Cette nouvelle vision sera la pierre angulaire des efforts de plaidoyer de la Banque Triodos en faveur du changement financier. Elle sera lancée le 16 décembre lors d'un événement (en néerlandais) au centre de débat Pakhuis de Zwijger à Amsterdam.