Benoit Roland, Directeur de la maison de production de films Wrong Men
Benoit Roland - Wrong Men © tous droits réservés

ADN

À peine sorti de l’université, son diplôme d’ingénieur commercial en poche, Benoit Roland fonde l’Atelier 210. Un lieu connu des amateurs de théâtre et de musique bruxellois. « Le but était de proposer un espace pour la jeune création, un lieu qui travaille sur l’émergence. » Lorsqu’il crée Wrong Men, 8 ans plus tard, l’ambition n’a pas changé. « L’ADN de l’Atelier 210, je l’ai transposé dans le cinéma : trouver les moyens pour aider des jeunes auteurs à réaliser leur projet et rencontrer le public, et les accompagner le plus loin possible. »

Confiance

« Quand, tu fais le tour des banques pour financer une salle de théâtre à 22 ans, on te demande d’abord si tes parents ont de l’argent. » Benoit a essuyé des refus polis. À une exception près. « Seule la Banque Triodos a accepté de nous écouter. » 15 ans plus tard, la collaboration se poursuit. « L’économie du cinéma indépendant repose sur des aides publiques. Mais les projets sont longs et les financements arrivent tard. Le rôle de la banque est d’assurer la trésorerie du film. Dans notre métier, la confiance est un ingrédient essentiel du succès, même si un solide business plan est aussi indispensable ! »

Court

Les courts-métrages ont une place importante dans la filmographie de Wrong Men. Ce n’est pas un hasard. « Le court a pour but d’offrir une première expérience à de jeunes réalisateurs. C’est aussi un terrain d’expérimentation pour démarrer une relation de travail. Pour nous, le court-métrage s’apparente à ce qu’on appelle « recherche et développement » dans une société privée. C’est un investissement et un pari sur l’avenir. » Même si le court-métrage a aussi une valeur en soi. « L’un de mes plus beaux souvenirs est d’ailleurs le César reçu pour « Les petites mains » de Rémi Allier ».

Les petites mains - un film de Rémi Allier

Les petites mains - un film de Rémi Allier

 

Duo

Benoit a coutume de le répéter : « Produire un film, c’est avant tout l’histoire d’un duo entre producteur et auteur. Eux seuls sont présents sur toute la durée du projet, depuis l’idée jusqu’au produit fini ». Ce travail presque intime peut prendre de longues années. « Puis, soudain, tu te retrouves avec 100 personnes qui travaillent pendant les quelques semaines du tournage ». Si tout a été prévu en amont, cette étape se déroule sans heurt. « La production d’un film repose encore sur une organisation très pyramidale. »

Égo

À l’université, Benoit était metteur en scène d’une troupe de théâtre amateur. « J’ai rapidement été convaincu que je serais plus utile en tant que producteur. » Un rôle qui impose d’être en retrait ? « C’est clair qu’un producteur doit être capable de mettre son égo de côté. Faire un film prend deux, trois… voire dix ans. Il y a forcément des hauts et des bas. Pour tenir la distance, il faut pouvoir rester au service du projet. Si on prend les choses trop personnellement, on se brûle les ailes. »

Entrepreneur

Benoit Roland n’a rien d’un artiste frustré. « Être producteur, c’est d’abord être entrepreneur. Depuis l’enfance, j’ai ce côté. J’ai toujours été celui qui organise, qui rassemble. Il y a quelque chose de génial à embarquer des gens avec soi, à gagner leur confiance. » Benoit est d’ailleurs un serial entrepreneur, puisqu’il a également créé 10:80 films et La Coop ASBL. « Tous ces projets visent à accompagner les auteurs dans leur trajet artistique ».

Exigence

Benoit se définit d’abord comme un producteur de films exigeants. « Quand on choisit de faire ce métier, on se bat pour une cause » : celle d’un cinéma sans concession, qui défend un point de vue et est porteur de singularités. « On veut que les spectateurs sortent transformés. Je crois que cela fait partie des choses dont le monde a besoin : des gens curieux, ouverts, perméables à l’émotion et au débat. »

Humain

Lorsqu’on lui demande ce qu’est une bonne idée de film, Benoit Roland emprunte un chemin de traverse. « Ce qui m’intéresse, c’est la cohérence de l’idée et de l’auteur. Il faut un bon sujet, mais aussi un vrai point de vue. Quand il y a cette alchimie, c’est comme une évidence. Mais lorsqu’on dit « oui » à un projet, on s’embarque pour une relation au long cours. Ce n’est pas une décision qu’on prend à la légère. Le respect et la confiance sont donc primordiaux. La part de l’humain est prépondérante dans ce métier. »

La Grand-Messe, de Valéry Rosier (2017)

La Grand-Messe, de Valéry Rosier (2017)

Public

Benoit se méfie des étiquettes. « Art et essai, cela veut tout et rien dire. Je préfère parler de cinéma indépendant ou de films d’auteurs.  Alors que le cinéma commercial part des attentes du public, de recettes éprouvées, le cinéma indépendant part d’un auteur et de son idée. Notre travail, c’est de l’amener vers le plus large public possible. Personne n’a envie de faire un film juste pour soi-même. La question que je pose d’emblée, c’est : « en quoi ton histoire peut intéresser le reste du monde ? ».

Plaisir

Lorsqu’on demande à Benoit Roland d’épingler un film marquant de sa production, il hésite quelque peu, puis choisit « Préjudices », d’Antoine Cuypers (avec Arno et Nathalie Baye). « C’était mon premier long métrage. Et malgré les émotions très fortes qu’il provoque, il a rencontré un large public. C’était la preuve qu’on pouvait y arriver. Mais ce qui me rend vraiment heureux, c’est d’accompagner une quinzaine de femmes et d’hommes dans leur parcours. Je prends énormément de plaisir à voyager entre ces histoires et ces univers différents. »

Nous avons aimé

Les petites mains, de Rémi Allier (2017). Ce premier court-métrage raconte la lutte des ouvriers suite à la fermeture d’une usine, vue à travers les yeux d’un enfant de 3 ans. Un défi exigeant, récompensé par le César du meilleur court-métrage.

La Grand-Messe, de Valéry Rosier (2017). Ce petit bijou documentaire porte un regard tendre et décalé sur le peuple des aficionados du Tour de France. Entre panoramas somptueux et mobile-homes défraîchis.

Angle mort, de Nabil Ben Yadir (2017). Entre polar et politique, ce film coup de poing dresse un portrait sans concession d’un pays éclaté entre ses communautés, et hanté par les démons de son passé.

Ennahdha, de Christophe Cotteret (2014). Une étude au scalpel de la transition démocratique en Tunisie, à travers l’épisode de l’accession au pouvoir des islamistes modéré d’Ennahda, dans le sillage des printemps arabes, et de la déception qui s’en est suivie.

 

Un projet de film en tête ?

Produire un film ou un documentaire requiert de nombreuses compétences, entre autres celle de pouvoir jongler avec les chiffres et gérer la trésorerie. C'est là que nous intervenons. La Banque Triodos propose des solutions afin d'équilibrer vos revenus en fonction de vos besoins en liquidités, comme le préfinancement de créances belges provenant de fonds régionaux ou communautaires, de chaînes de télévisions, etc. Ensemble, nous décidons du montant et de la durée qui vous conviennent.