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A quels critères les banques du réseau GABV répondent-elles ?

La GABV est très sélective. Pour entrer dans ce réseau, les banques doivent répondre à des exigences minimales, dont le fait d’inscrire la durabilité dans leur mission et d’être totalement indépendante. Elles doivent également participer à l’économie réelle, en ne prêtant d’argent qu’aux sociétés et projets qui apportent un progrès sur le plan social et environnemental. Cela exige une connaissance fine des clients et de leur contribution effective au changement. Les membres de la GABV doivent faire preuve d’une grande transparence et développer un modèle de gouvernance qui protège la mission originelle de la banque. Bien entendu, elles doivent être résilientes sur le plan financier.

L’inclusion sociale, l’égalité et l’environnement : c’est à travers ces thématiques que nous voulons aujourd’hui requestionner ce qu’il y a lieu de mettre en place ces dix prochaines années
Marcos Eguiguren, directeur de la Global Alliance for Banking on Values

La GABV a été fondée à la suite de la crise financière de 2008. Cet événement a révélé combien les grandes banques traditionnelles étaient peu résilientes et peu connectées à l’économie réelle. Les banques du réseau GABV font-elles la différence ?

Oui, tout-à-fait. Une étude comparative entre les banques membres de la GABV et les grandes banques systémiques révèle que les valeurs et principes des premières n’enlèvent rien à leur performance économique et financière.

L’étude montre par exemple que les banques du réseau GABV utilisent près de 71,8% de l’épargne qui leur est confiée pour octroyer des crédits et participer ainsi à l’économie réelle. Les banques systémiques atteignent une conversion de 41,5% seulement, le reste de leurs activités restant concentré dans l’économie financière. Plus de dix ans après la crise de 2008, ce constat est à déplorer.

Autre signe que les banques du réseau GABV participent à l’économie réelle : leurs ressources proviennent principalement de l’épargne que leur confient leurs clients (73,9 % contre seulement 53,8 pour les banques systémiques). Elles en reviennent ainsi aux fondements du rôle d’une banque : mettre l’argent de ceux qui en ont assez au service de ceux qui en ont besoin.

La GABV fête ses dix ans cette année. Quel regard portez-vous sur cette première décennie ? 

Au départ d’un noyau de trois banques fondatrices, il était important de faire grandir notre réseau et d’en faire un mouvement global et pas seulement occidental. Avec 55 banques réparties sur tous les continents, nous servons aujourd’hui presque 60 millions de clients. Cela signifie que nous avons une influence positive sur la vie de 500 millions de personnes. C’est devenu un mouvement très important.

Avec 55 banques réparties sur tous les continents, nous servons aujourd’hui presque 60 millions de clients. C’est devenu un mouvement très important.
Marcos Eguiguren, directeur de la Global Alliance for Banking on Values

Au cours de ces dix années, nous voulions aussi obtenir une reconnaissance auprès des institutions financières internationales, telles que la Banque mondiale ou la Commission européenne. Nous avons par exemple été très actifs par rapport aux « Principles for Responsible Banking » des Nations Unies ou pour l’élaboration de la loi de finance durable européenne. Parallèlement à ces partenariats institutionnels, nous avons développé notre réseau et notre expertise au sein du monde académique ou des banques de développement. Pour nos membres, nous avons créé des outils et des plateformes pour échanger leurs expériences et savoirs mutuels.  

Pour le futur, quels sont d’après vous les défis de la GABV et des banques qui en font partie ?  

En février 2019 avait lieu notre sommet annuel à Vancouver. Il avait comme thème « Migrants, #MeToo, and Melting Icecaps… Redefining Banking for a Radically Different Future».  L’inclusion sociale, l’égalité et l’environnement : c’est à travers ces thématiques que nous voulons aujourd’hui requestionner ce qu’il y a lieu de mettre en place ces dix prochaines années au niveau des réglementations bancaires mais aussi des produits et de la gouvernance, pour que les banques servent une société plus inclusive, moins inégale et plus respectueuse de l’environnement.

Par ailleurs, je pense que nous devons être plus ambitieux vis-à-vis des banques traditionnelles. Prenez, par exemple, les « Principles for Responsible Banking » publiés par les Nations Unies et signés par la plupart des grandes banques. Nous y avons collaboré et je suis convaincu que ces principes sont une bonne chose pour les banques traditionnelles qui veulent amorcer un changement de valeurs. Cependant, les principes de la GABV sont plus établis et reflètent les pratiques des banques qui ont pris cette voie il y a déjà bien longtemps. La GABV doit donc à la fois montrer en quoi elle est différente et, tout en restant très vigilante, faire grandir les exigences en matière d’éthique bancaire auprès des grandes banques. Un grand chemin reste à parcourir.

Marcos Eguiguren est économiste et docteur en Business Administration. Il est professeur à l’Université polytechnique de Catalogne. Depuis 2015, il est directeur exécutif de la Global Alliance for Banking on Values.

Propos recueillis par Marie-Cécile Guyaux, le 12 mars 2019 à Bruxelles.

 

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