L’urgence est on ne peut plus criante

Peu avant la COP27, de nombreuses recherches ont été publiées, démontrant la nécessité d’intensifier les plans d’atténuation et leur mise en œuvre rapide :

Les résultats de la COP27

Pour l’essentiel, cinq thématiques principales étaient sur la table. Dans la plupart des cas, les progrès sont maigres :

  • Atténuation
    Un objectif clé de la COP27 était de renforcer les engagements de réduction des émissions pris l’année dernière à Glasgow pour maintenir le réchauffement global dans la limite de 1,5ºC. De tels engagements n’ont pas été pris en Égypte, ce qui signifie que nous pouvons dire adieu à cet objectif de l’Accord de Paris. Ou pour reprendre les mots d’Alok Sharma, président de la COP26 : « J’ai dit à Glasgow que le pouls du 1,5 degré était faible. Malheureusement, il est toujours sous assistance respiratoire. Et nous devons tous nous regarder dans le miroir et nous demander si nous avons été à la hauteur de ce défi au cours des deux dernières semaines ».
  • Pertes et dommages
    Comme attendu, cela a été l’une des plus âpres batailles. Les nations les plus pauvres souhaitent obtenir plus de compensations, tandis que les nations les plus riches doivent toujours honorer leur promesse faite en 2015 d’abonder un fonds annuel de 100 milliards de dollars. La bonne nouvelle, c’est qu’il y aura bien un fonds dédié aux pertes et dommages. La mauvaise, c’est qu’il n’y a pas encore d’argent dans le fonds. Le financement total nécessaire à l’adaptation s’élève au moins à 2,5 trillions d’ici 2030.
  • Nature
    Il existe un lien étroit entre le changement climatique et le déclin de la biodiversité. Bien que cela sera au cœur de la COP15 consacrée à la biodiversité en décembre 2022, il serait utile d’en prendre pleinement conscience. Seul le président brésilien Lula s’est engagé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la forêt amazonienne.
  • Sortir du gaz et du charbon
    Il est nécessaire de sortir, dans un futur proche, du gaz et du charbon. Dans ce domaine, la seule note (relativement) positive provient de l’engagement de l’Inde.
  • Adaptation
    L’adaptation consiste en de meilleures protections contre les inondations, des digues marines, le déplacement de populations vers des zones situées plus en altitude et la protection des connexions routières et ferroviaires contre les tempêtes et inondations. Seules quelques améliorations aux engagements pris précédemment ont été suggérées lors de la COP27 et un accord a été conclu pour le doublement des fonds pour l’adaptation. Cependant, les scientifiques avertissent que les fonds promis restent très en-dessous des investissements qui seront nécessaires dans un avenir proche.

En toute honnêteté, même en tenant compte des attentes faibles, le sommet a déçu. Comme l’a énoncé Frans Timmermans, Commissaire pour la politique d'action sur le climat de l’UE : « Nous sommes entrés dans la décennie décisive, mais ce que nous avons obtenu ne constitue pas une avancée suffisante pour les êtres humains et la planète. »

Ne rien faire, cela signifie concrètement que nous laissons, aujourd’hui et demain, plus de gens mourir et souffrir des événements climatiques extrêmes. Que nous refusons d’être solidaires avec les populations le plus pauvres dans le monde. Et que nous acceptons que les inégalités de richesse continuent d’accroître les inégalités en matière d’émissions de carbone.

La finance peut-elle être une force positive à part entière ?

Attendre que les gouvernements agissent, cela n’aide en rien. Ils participent à un jeu perdant-perdant qui opposeles pays du Nord et du Sud, les générations actuelles et futures, les riches et les pauvres. Personne ne veut perdre. Mais ils oublient que dans ce jeu, il faut freiner longtemps avant d’atteindre le bord du précipice : la distance de freinage face au changement climatique se compte en dizaines d’années.

À la Banque Triodos, nous avons pris un engagement As One To Zero : nous voulons financer des activités « net zéro ». Mais nous voulons aussi le faire de manière à atteindre, avec nos clients, l’objectif zéro émissions aussi rapidement que possible. Des politiques publiques allant de taxes carbone jusqu’aux investissements dans les infrastructures d’énergie renouvelable, rendraient cette tâche plus facile pour nous et nos clients.

Une transformation globale de l’économie, pour passer d’un système dépendant des énergies fossiles à une économie bas carbone, exigerait selon les prévisions des investissements annuels de 4 à 6 trillions de dollars, une part relativement modeste (1,5 à 2%) des actifs financiers gérés globalement, mais significative (20 à 28%) en termes de ressources annuelles supplémentaires à allouer. Le rapport de l’ONU sur les écarts entre besoins et perspectives liste sept recommandations pour accélérer la finance climatique : l’arrêt du financement des énergies fossiles est l’une de ces recommandations.

George Monbiot résume parfaitement cette COP27 dans le Guardian :
« Les gouvernements des pays riches sont arrivés à la COP en Égypte en clamant : « c’est maintenant ou jamais ». Et ils sont repartis en disant « Et pourquoi pas jamais ? ». Nous passons à travers tous les objectifs, toutes les lignes rouges et les promesses de restriction, navigant vers un avenir dans lequel la possibilité de toute existence tend vers zéro. Chaque vie est un cadeau invraisemblable. Combien de temps resterons-nous assis à regarder nos gouvernements tout gâcher ? »