Le 24 février dernier, Vladimir Poutine, l’autocrate à la tête de la Russie, a ordonné à ses troupes militaires d’envahir l’Ukraine. Après plusieurs années d’intimidation et l’annexion de la Crimée en 2014, le peuple ukrainien est aujourd’hui confronté à de la violence et à des destructions à grande échelle. Lors de l’invasion, l’armée russe a fait preuve d’un déploiement de force fulgurant ; elle occupe à présent plusieurs parties de l’Ukraine et prend d’assaut des villes telles que Kyiv et Kharkiv. Une fois encore, toute l’horreur de la guerre et de ses conséquences s’étale sous nos yeux. Comme toujours, ce sont les citoyen·ne·s les plus vulnérables qui souffrent le plus. 77 ans après la Seconde Guerre mondiale, un pays est à nouveau attaqué par un autre en Europe. C’est une violation éhontée du droit international.


Personne ne sait comment cette guerre va évoluer. Ses conséquences seront importantes. Pour le peuple ukrainien, pour l’Europe et pour l’avenir des relations internationales. L’urgence absolue est de stopper ce conflit au plus vite. Des sanctions économiques et financières sont mises en place. Des protestations diplomatiques et publiques massives sont requises pour mettre sous forte pression le régime de Poutine en vue de le dissuader de poursuivre cette guerre. Le peuple ukrainien mérite d’être soutenu par tous les moyens possibles. Et n’oublions pas les citoyen·ne·s russes qui s’opposent à la machine de guerre de Poutine, en dépit de la propagande gouvernementale ainsi que des mensonges et accusations diffusés par les médias contrôlés par l’État : Open letter of Russian economists against the war with Ukraine (Lettre ouverte d’économistes russes contre la guerre en Ukraine) – EACES | European Association for Comparative Economic Studies.

Le président Zelensky a diffusé un message vidéo impressionnant par lequel il envoie un message fort à la population russe. Message du président Zelensky à la population russe [sous-titres en anglais] – YouTube. Ce message devrait également être le nôtre !


Pour l’Europe, l’embarrassante vérité est que les économies nationales dépendent toujours – à différents degrés – des ressources fossiles de la Russie. On paie aujourd’hui la facture du retard persistant accumulé dans la transition durable et inclusive de l’économie et du système énergétique européens au cours des décennies écoulées. Vladimir Poutine le sait pertinemment. Des pays tels que l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas sont confrontés au délicat défi de combiner leur soutien à des sanctions effectives tout en conservant l’accès aux approvisionnements en énergies fossiles. La meilleure réponse des pays européens devrait comprendre une augmentation significative voire spectaculaire des efforts nationaux et européens pour décarboner notre économie actuelle, comme l’écrivait Bill McKibben dans le Guardian : This is how we defeat Putin and other petrostate autocrats (Voici comment nous pouvons amener à la défaite Poutine et d’autres autocrates des États pétroliers) – Bill McKibben, The Guardian. Bien que depuis le début de la crise du coronavirus, la « Relance verte et juste » (UE) et le « Build back better » (R-U) avaient le vent en poupe, l’essentiel du soutien à grande échelle apporté par les gouvernements aux secteurs économiques pendant le confinement n’est pas allé dans ce sens. Cela devrait changer à présent. Voir également : Q&A: What does Russia’s invasion of Ukraine mean for energy and climate change? (Q&R : Que signifie l’invasion de l’Ukraine par la Russie en termes d’énergie et de changement climatique ?) – Carbon Brief.

Personne ne sait comment cette guerre va évoluer. Ses conséquences seront importantes. Pour le peuple ukrainien, pour l’Europe et pour l’avenir des relations internationales. L’urgence absolue est de stopper ce conflit au plus vite.

Des sanctions financières sont à présent déployées pour toucher le régime de Poutine et les richissimes oligarques qui le soutiennent. Elles comprennent le gel des avoirs russes et empêchent les Russes et leurs banques d’accéder au monde des affaires. De nombreux pays, l’UE et des superviseurs financiers ont décidé d’exclure la Russie du réseau international de communication SWIFT qui organise la compensation des transactions bancaires. Les avoirs étrangers sont gelés, y compris les réserves en devises de la Banque centrale de Russie, ce qui va avoir un impact négatif profond sur l’économie et les échanges commerciaux du pays. Pour une analyse plus approfondie, voir : Sanctions on Russia are strong but not ’nuclear’ (Les sanctions imposées à la Russie sont fortes mais pas « nucléaires ») – Raam op Rusland.


Ici aussi, les vérités embarrassantes foisonnent. Pendant de nombreuses années, les pays de l’UE – tels que les Pays-Bas et le Royaume-Uni – ont fait le lit des transferts de fortunes russes (volées) vers des paradis fiscaux bénéficiant d’un support professionnel et vers du patrimoine immobilier dans nos capitales et ailleurs. Ce visage déplaisant de l’efficace infrastructure financière mondiale ne doit pas empêcher les pays de faire ce qui est juste. Très à propos, Katharina Pistor nous rappelle la corrélation de direction entre la thérapie de choc qui a suivi l’effondrement de l’Union soviétique en 1991 et la naissance de l’économie dominée par des oligarques sur laquelle se fonde le régime de Poutine : From shock therapy to Putin’s war (De la thérapie de choc à la guerre de Poutine) – Katharina Pistor, Social Europe.


La guerre de Poutine va avoir un impact direct sur l’économie mondiale et européenne en retardant le rétablissement consécutif à la crise sanitaire et en faisant grimper les prix des énergies (fossiles), attisant ainsi une inflation globale qui va augmenter de quelques pour cent. Nous supposons que la BCE et la BoE, comme d’autres banques centrales, vont soutenir nos économies par des politiques monétaires adéquates. Les gouvernements feraient bien de se concentrer particulièrement sur la situation des citoyens vulnérables déjà aux prises avec la pauvreté énergétique en leur fournissant des aides ciblées leur permettant d’honorer leurs factures mensuelles. Et, comme déjà dit, la meilleure approche globale consiste à intensifier les efforts existants pour que les réseaux d’énergie de nos économies dépendent de ressources durables.


Pour conclure, n’oublions pas que Poutine, lui aussi, est sous pression. Plusieurs commentateurs ont attiré l’attention sur ce point : A Reckless Gamble (Un pari risqué) – Lawrence Freedman, Comment is Freed. Plus nous protesterons contre cette guerre et montrerons notre soutien inconditionnel au peuple ukrainien, plus nous contribuerons à créer des conditions pour que ce conflit cesse. Même quand on se sent trop petit et insignifiant pour faire changer les choses, chaque geste compte !