Pour quelle raison la VUB a-t-elle opté pour des placements durables ?

Nic Van Craen, administrateur général de la VUB.
Nic Van Craen, administrateur général de la VUB.

N.V.C. : La durabilité cadre avec nos valeurs humanistes. Celles-ci postulent notamment que l’homme occupe une position centrale et qu’il est responsable de ses actes. Le développement durable, le fait d’agir de façon éthique et la réflexion prospective concernant notre impact s’inscrivent dans ce cadre. En 2011, nous avons décidé de concrétiser ces principes dans notre gestion. La VUB et son corps académique souhaitent faire figure de précurseur et être un exemple pour d’autres acteurs de la société. En tant qu’université et en tant qu’entreprise, nous pouvons faire bouger les choses.
La durabilité est explicitement intégrée dans notre Plan stratégique général pour l’enseignement et la recherche, mais aussi dans notre politique d’entreprise. Nos ambitions ont été transposées dans la charte « Investissement durable », qui a été validée en 2015. Celle-ci prévoit notamment de structurer nos portefeuilles d’investissement de façon durable. En 2018, après un long processus de consultation de différentes banques, nous avons constitué de nouveaux portefeuilles pour un montant global de 60 millions d’euros. Pour la gestion de ces avoirs, nous avons sélectionné les institutions financières qui avaient déposé un dossier réellement convaincant et proposé des critères d’investissement et une approche clairement documentés. Quatre institutions ont été sélectionnées, dont la Banque Triodos, pionnière dans l’analyse des entreprises sur la base de critères de durabilité. La VUB a confié 15 millions d’euros en gestion à chacune d’entre elles.

La durabilité cadre avec nos valeurs humanistes. Celles-ci postulent notamment que l’homme occupe une position centrale et qu’il est responsable de ses actes.
Nic Van Craen, administrateur général


À combien se montent les avoirs placés par l’université ?


Nous investissons à plus long terme nos réserves et les excédents de trésorerie temporaires lorsque nous n’en avons pas besoin dans l’immédiat. Ceux-ci proviennent historiquement des revenus privés de l’université, à savoir les rentrées financières privées liées aux activités de recherche, les droits d’inscription, les legs, donations et dons, ainsi que les revenus du sponsoring.
Quels critères appliquez-vous et comment ont-ils été définis ?
Notre université est une institution organisée de manière démocratique. Les étudiants ont été l’un des moteurs de la transition plus rapide vers une gestion durable, au même titre que le corps académique – qui compte d’ailleurs un grand nombre d’experts en matière de développement durable. La VUB dispose d’une plateforme consacrée à la durabilité comprenant des experts universitaires, des collaborateurs administratifs et des étudiants. Le conseil d’administration a approuvé les critères d’investissement de nos nouveaux portefeuilles qui ont été proposés par cette plateforme, à savoir l’exclusion des combustibles fossiles et des armes conventionnelles, le respect des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (qui visent à contenir le réchauffement climatique sous la barre des 2 °C) et l’attention accordée aux droits de l’homme.

Campus VUB - Photo : VUB
Campus VUB - Photo : VUB

Que faites-vous des revenus des investissements ?


Les intérêts, les ventes et les plus-values des placements constituent une source importante de revenus, qui se chiffre à environ 8 millions d’euros par an. Nous ne réinvestissons pas ces revenus : ils sont utilisés pour la rénovation de nos infrastructures – sous-financement public oblige – et pour la nomination de personnel. L’université a, en effet, choisi de recruter des collaborateurs et des chercheurs supplémentaires.
Comment se déroulent les contacts avec la Banque Triodos ?
Nos contacts avec la Banque Triodos sont relativement récents car, dans le passé, celle-ci n’avait pas énormément de produits financiers destinés aux institutions de grande taille. Nous avions toutefois ouvert un compte épargne auprès de la banque. Depuis, nous avons investi un montant considérable par l’entremise de la Banque Triodos. En juin dernier, elle nous a fait parvenir un premier rapport d’investissement qui s’est révélé très intéressant car il diffère des rapports financiers habituels. La banque nous communique la performance en termes d’impact pour chaque portefeuille, précise dans quelles thématiques importantes pour la transition durable nos portefeuilles ont été investis et évalue ainsi leur caractère pionnier. Nous recevons également des scores par rapport à la réalisation des Objectifs de Développement Durable des Nations Unies. Le contact avec notre Relationship Manager est très bon. Les fonds proposés sont conformes à notre stratégie et cadrent avec la politique que nous entendons mener.

Dossier

La leçon d'investissement durable des universités