Thomas Van Craen, directeur Banque Triodos Belgique
Thomas Van Craen

Le nombre de fonds durables est en augmentation rapide et, dans leur communication, les banques belges placent, plus que jamais, la durabilité en avant. Chaque acteur du secteur financier – banquier, gestionnaire de fonds, assureur – est conscient de la nécessité de la durabilité.

Mais, à quel point une banque est-elle durable et cohérente si elle propose un fonds qui n’investit pas dans les énergies fossiles tout en octroyant un crédit pour la construction d’un oléoduc ?

Les banques ont une grande responsabilité sociétale.
Thomas Van Craen

Il existe aujourd’hui sur le marché de nombreux fonds d’investissement qui ne sont pas qualifiés de « durables ». Nous ne savons donc pas ce qu’ils financent précisément. Ce manque de transparence pose un problème majeur. Selon les chiffres les plus récents de la Belgian Asset Managers Association, les fonds durables représentent environ 10% dans notre pays. Dans quoi investissent les 90% de fonds restant ?  

Même question du côté des crédits. Quelles activités financent-ils ? Sur les 285 milliards présents sur les comptes d’épargne, combien sont investis de façon durable ? Une étude de 2019* montre que les comptes d’épargne durables représentent moins d’1% de l’épargne en Belgique. Pour 99% de l’épargne, nous ignorons s’ils servent à financer des projets durables ou des activités nocives. 

Sur les 285 milliards présents sur les comptes d’épargne, combien sont investis de façon durable ?
Thomas Van Craen, directeur de la Banque Triodos Belgique

À la Banque Triodos, nous avons, depuis le début, opté pour la voie durable. Une politique de durabilité intégrale requiert en permanence des personnes et des moyens et ceci, dans l’ensemble de l’organisation. Ce faisant, les critères sociaux et écologiques s'appliquent tout autant que les considérations financières de risque et de rendement. Cette gestion ne peut se réduire à des algorithmes. 

Dans d’autres pays, le secteur financier s’engage de façon concertée. Aux Pays-Bas et en Espagne, le secteur s’est publiquement engagé à se fixer des objectifs de réduction des émissions de CO2 et à prendre des mesures pour les atteindre. La Belgique a également besoin d’une telle accélération. Le temps presse : le secteur financier doit agir plus vite, plus fort et avoir des ambitions sociétales plus grandes. 

Chaque décision financière a un impact sociétal.
Thomas Van Craen


Une communication plus transparente

Cela commence par une communication plus transparente. Et les instruments existent. Les banques peuvent indiquer quel pourcentage de leur portefeuille de crédits est durable. Elles peuvent également cartographier les émissions de CO2 de leurs prêts et investissements. À la Banque Triodos, c’est déjà d’application pour les crédits et les fonds d’investissement.


Pour une planète vivable et plus de justice sociale, les banques ont une grande responsabilité sociétale. La transparence devrait être une évidence. C'est la condition pour des banques plus durables et pour que les consommateurs sachent réellement où va leur argent. Parce que chaque décision financière a un impact sociétal. 

Thomas Van Craen, directeur de la Banque Triodos Belgique

(*) Etude Duurzaam sparen en beleggen in België, réalisée à la demande de MIRA, Milieurapport Vlaanderen, en collaboration avec Universiteit Antwerpen et le Forum Ethibel.