D’après un éditorial de Joeri de Wilde, Investment Strategist pour Triodos Investment Management.

Un peu partout dans le monde, des dirigeants commencent à ressentir l’urgence du défi climatique. Des plans sont établis, des fonds alloués. Il n’est pas certain que ces mesures soient suffisantes (le dernier  rapport du GIEC est loin d’être rassurant à cet égard), mais au moins prennent-elles la bonne direction.

Court-termisme et climato-scepticisme

Malheureusement, le soutien aux plans climatiques des gouvernements est faible au sein d’une large partie de l’électorat. La guerre en Ukraine a focalisé l’attention sur les problèmes de pouvoir d’achat et de sécurité. Certains se demandent alors s'il ne vaudrait pas mieux consacrer les milliards destinés à  résoudre la crise climatique à l’allégement des factures énergétiques ou au renforcement de nos armées .

Les partis populistes profitent de ces perspectives de court terme. C’est ainsi que, par exemple, une candidate d’extrême droite a pu atteindre le second tour de l’élection présidentielle française en axant son discours sur le pouvoir d’achat. Ses électeurs se souciaient peu de savoir que la même candidate souhaitait démanteler des champs éoliens et couper les subsides aux énergies renouvelables.

Si les plans climatiques ne sont pas accompagnés de mesures contre les inégalités, une partie importante de la population sera tentée par l’appel du populisme. Et nous savons depuis la présidence Trump que des gouvernements élus de cette manière font la part belle au climato-scepticisme.

La priorité de tout plan climatique réussi ? Réduire les inégalités

Nos dirigeants tendent à sous-estimer le rapport entre climat et inégalités. Les réductions de taxes sur l’essence ou le mazout par divers gouvernements européens démontrent cette incompréhension. Pourquoi compenser les factures d’énergie de la même manière pour tous, alors que le coût pèse proportionnellement bien plus lourd dans le budget d’une famille à faible revenu ?

Négliger les inégalités renforce le sentiment de « eux contre nous » à l'encontre d’une élite qui monopolise les richesses. C'est pourquoi la priorité de tout plan climatique ayant une chance de succès doit être de réduire les inégalités.