S’il est une chose que la crise du coronavirus a mis en évidence, c’est bien l’importance de renforcer la résilience de notre économie. S’appuyant sur la longue expertise de la banque, Kees Vendrik, Chief Economist de la Banque Triodos, et Hans Stegeman, Chief Investment Strategist chez Triodos Investment Management, ont publié, fin mai, un document de réflexion proposant une vision intégrale pour une sortie de crise durable.

Utiliser l’argent pour rendre l’économie verte et juste constitue, de fait, le cœur de la mission de la Banque Triodos et guide le travail quotidien de ses collaborateurs. Dans ce dossier, nos chargés de relations crédit illustrent cette vision au travers d’exemples concrets.

Des pouvoirs publics qui font des choix durables

À l’heure où les États injectent des moyens considérables pour relancer la machine économique, il est fondamental que ces aides ne viennent pas soutenir des entreprises non durables sans en forcer le changement sur le plan environnemental et/ou sociétal. Les politiques publiques peuvent en effet stimuler des développements positifs. Le régime fiscal avantageux des vélos de société, par exemple, a boosté une nouvelle filière économique.

Cyclobility est l’un des premiers acteurs à avoir proposé aux sociétés une formule de leasing de vélos (classiques ou électriques) pour les trajets domicile-travail, essaimant depuis Gand vers la Flandre occidentale, la province d’Anvers et le Brabant flamand. En quatre ans, cette start-up a placé plus de 1.500 vélos en leasing auprès d’une septantaine de sociétés aux profils très diversifiés, et la crise sanitaire va, à coup sûr, booster son carnet de commandes. « L’engagement d’Andries Aumann, fondateur et CEO de Cyclobility, est extrêmement fort », témoigne Jan Depoortere, Team Leader SME - Social Profit à la Banque Triodos. « Sa solution de mobilité verte est avantageuse à la fois pour l’employeur, le travailleur et l’environnement. Mais il insiste aussi beaucoup sur la dimension « santé » et sur la composante sociale. Pour les réparations et l’entretien des vélos loués, Cyclobility travaille en collaboration avec l’entreprise de travail adapté Werkplus, qui s’efforce de réinsérer des personnes éloignées du marché du travail ».  
 

Brusol
A Tour & Taxis, la plus grande installation solaire du pays a été mise en place par par Brusol (EnergyVision)

Le soutien des pouvoirs publics est également capital dans le domaine de la transition énergétique. Brusol (groupe EnergyVision) est le principal « tiers-investisseur » sur le marché bruxellois : il installe des panneaux photovoltaïques sur les toits des maisons et immeubles, moyennant la cession par le propriétaire des lieux de ses certificats verts – un outil public de subsidiation de l’énergie verte qui reste important à Bruxelles. Comme dans le cas de Cyclobility, il s’agit d’une solution win-win : le particulier (ou l’entreprise) baisse sa facture énergétique sans devoir investir dans une installation coûteuse, et la société comme l’environnement en sortent gagnants, eux aussi, grâce à la limitation des émissions de gaz à effet de serre. 
« C’est, en outre, une formule socialement très équitable puisqu’elle permet d’inclure les ménages les moins favorisés dans la transition énergétique », précise Antoine Langbeen, Senior Relationship Manager spécialisé dans les énergies renouvelables.

Grâce aux crédits d’investissement accordés par la Banque Triodos, EnergyVision a placé, en un peu moins d’un an, 798 installations photovoltaïques sur le territoire régional1 et l’entreprise prévoit de doubler ce chiffre d’ici à la fin de l’année.
Quelques projets seulement concernent des entreprises, mais leur impact est important : ainsi, à la faveur de la rénovation de la gare maritime Tour & Taxis, 17.000 m2 de panneaux photovoltaïques ont été installés en toiture, ce qui représente la plus importante installation solaire du pays depuis 2013.

5,5%

Selon les journalistes scientifiques de CarbonBrief, les émissions de CO2 devraient baisser de 5,5% en 2020 sous l’effet de la crise sanitaire. C’est loin de suffire ! Pour limiter la hausse des températures mondiales à 1,5°C, il faudrait réduire les émissions de CO2 de 45% par an d’ici à 2030 et atteindre la neutralité carbone en 2050.


Plus d’équité sociale et économique

« Solidarité, générosité, collaboration, bienveillance : la crise du coronavirus a fait émerger de belles valeurs », relève Kees Vendrik.
 

Centre Athena Centrum
Le Centre Athena Centrum, dans le quartier Nord de Bruxelles

L’accès aux soins de santé pour tous est l’une des dimensions importantes d’une société équitable et la Banque Triodos est pionnière dans le financement des maisons médicales de quartier.   Au cœur de Bruxelles, le Centre Athéna Centrum a développé un modèle économique original. Pour la moitié de sa patientèle, il fonctionne comme centre de soins de dépannage et facture le prix normal d’une consultation tandis que, pour l’autre moitié (sans couverture médicale), il assure une prise en charge gratuite, moyennant un rendez-vous avec un·e assistant·e social·e. L’équipe du centre assure entre 400 et 500 consultations par mois. « Athéna bénéficie d’une subsidiation annuelle de la Région bruxelloise, qui est libérée en août. Elle manque donc de trésorerie pour payer les salaires de son personnel et couvrir ses frais de fonctionnement durant les premiers mois de l’année, raison pour laquelle la Banque Triodos a ouvert une ligne de crédit visant à préfinancer les subsides », explique Béatrice Gilmont, Senior Relationship Manager SME Banking.

La crise du coronavirus creusera vraisemblablement encore un peu plus le fossé entre riches et pauvres – avec, entre les deux, une classe moyenne qui s’estompe progressivement. Dans ce contexte, un droit aussi fondamental que l’accès à un logement ne va pas toujours de soi.
 

ULAC
Un logement rénové par ULAC

Pour soutenir les initiatives qui œuvrent en ce sens, la Banque Triodos finance notamment l’asbl bruxelloise ULAC (Union des Locataires Anderlecht-Cureghem), qui se bat depuis plus de trente ans pour le droit au logement des plus démunis dans le quartier de Cureghem, à Anderlecht. Son équipe achète des biens à l’abandon ou négocie la mise à disposition de propriétés communales, et en confie ensuite la rénovation à des entrepreneurs sociaux (chantiers de formation). Une fois retapés, les logements sont mis en location via l’Agence Immobilière Sociale d’Anderlecht-Cureghem (AISAC ) ou d’autres AIS. À la fin 2019, l’association totalisait 56 logements dans 17 biens immobiliers. Depuis 1999, ULAC gère également le « Projet de Cohésion Sociale des Goujons » en lien avec les habitants du quartier, notamment grâce à des animations sociales, une école des devoirs, des cours de français ou encore des services de proximité, un lavoir social, un service d’aide-ménagères et une équipe d’ouvriers travaillant à l’amélioration des conditions de logement des locataires les plus fragiles.

Il n’y a pas de vivre ensemble sans culture et l’on oublie très souvent qu’il s’agit d’un pilier important de notre économie
Kurt Degrieck, Senior Relationship Manager SME Banking à la Banque Triodos

La culture est un autre secteur fortement touché par la crise. « Or, il n’y a pas de vivre ensemble sans culture et l’on oublie très souvent qu’il s’agit d’un pilier important de notre économie », argumente Kurt Degrieck, Senior Relationship Manager SME Banking.
 

Villanella © Yuri Vander Hoeven
Représentation au De Studio à Anvers

Durant la crise sanitaire, les acteurs du secteur culturel se sont d’ailleurs époumonés (en pure perte…) à rappeler que celui-ci emploie 250.000 personnes et génère 5 % du PIB du pays ! Créée en 1993, la maison culturelle anversoise De Studio, qui vise prioritairement un public jeune, fait partie des très nombreux projets culturels financés par la Banque Triodos. En 2011, elle s’est installée dans un bâtiment qui fut tour à tour une habitation privée, un hôtel, une banque, une école. Baptisé « De Studio », ce vaste lieu accueille des représentations de théâtre et de danse, des concerts, des projections de films, des débats, touchant ainsi plus de 65.000 personnes à l’année, dont un important public scolaire. De Studio met également ses infrastructures à la disposition d’autres compagnies et loue des bureaux à des entreprises du secteur créatif. 

« Grâce à sa large palette d’activités non marchandes et marchandes, l’association parvient à surmonter certaines difficultés inhérentes au secteur, qu’elles soient financières (fragiles mécanismes de subsidiation, financement complexe des investissements) ou humaines (statut souvent précaire des artistes) ». 

UN BÉNÉFICE POUR LA SOCIÉTÉ ET LA PLANÈTE

Pour la Banque Triodos, le rétablissement économique post-Covid doit aller de pair avec un agenda climatique et social fort. Une taxation plus lourde des émissions de CO2, notamment, inciterait les entreprises à accélérer leur conversion écologique.


Privilégier les circuits courts

Chez nous, la pénurie de moyens de protection contre le Covid-19 a mis en lumière l’importance de la provenance de ce que nous achetons. La pertinence du circuit court s’impose particulièrement dans le domaine de l’alimentation, qui est la base même de notre existence.
 

Ferme Larock
Fabrication du fromage à la Ferme Larock en région liégeoise

Comme bien d’autres acteurs locaux, la Ferme Larock, en région liégeoise, a vu ses ventes bondir durant les semaines de confinement grâce à son magasin de proximité. Convertie à l’agriculture biodynamique, cette ferme familiale a progressivement élargi ses activités à la production de fromages, au maraîchage et à la vente au détail, ouvrant d’ailleurs son comptoir à d’autres producteurs locaux.

« La Ferme Larock, c’est un projet vivant car multifacettes. Il inclut une dimension pédagogique grâce à son jardin d’enfants, à l’accueil de classes du voisinage et à la formation de stagiaires aux pratiques agricoles biodynamiques. La Banque Triodos est d’ailleurs intervenue pour financer la rénovation d’une ancienne étable et sa conversion en espace de formation », explique Marie-Odile Jaspar, Senior Relationship Manager SME Banking. « Ce type de projet a beaucoup de sens pour nous, mais il ne faut pas en sous-estimer les difficultés. D’une part, l’accès à la terre est de plus en plus difficile en raison de la flambée des prix. D’autre part, la part de l’alimentation dans le budget des ménages ne cesse de décroître ».


Une économie plus diversifiée et plus juste

En pleine crise sanitaire, les économies émergentes se sont retrouvées étranglées par le poids de leur dette, les investisseurs étrangers ayant décidé du jour au lendemain de rapatrier leurs capitaux. Dans le même temps, leurs populations ont perdu leur emploi à cause de la paralysie du commerce international tandis que les infrastructures sanitaires à leur disposition se sont révélées incapables de faire face à la crise, comme en ont témoigné les images en provenance d’Inde ou du Bengladesh, par exemple. 

 

Favoriser la diversification économique des pays émergents et y soutenir l’entrepreneuriat sont des leviers puissants pour rééquilibrer les relations entre le Nord et le Sud et réduire la pauvreté dans le monde
Christophe Convents, Relationship Manager SME Banking à la Banque Triodos.

Oxfam est l’une des associations qui soutiennent activement les producteurs du Sud grâce à des chaînes d’approvisionnement équitables. « L’action d’Oxfam dépasse largement la dimension du prix juste des marchandises ; elle s’inscrit dans une approche globale de démocratisation de l’économie, fondée sur la transparence, la gestion participative, l’égalité hommes-femmes, la mobilisation citoyenne ».

Oxfam dispose d’une ligne de crédit auprès de la Banque Triodos, qui lui fournit les liquidités nécessaires pour réaliser des achats groupés de marchandises dans les pays émergents, marchandises qu’elle distribue ensuite sur nos marchés via ses boutiques. Durant la pandémie, l’ONG a mené des actions dans une soixantaine de pays et plaidé, avec d’autres organisations et de nombreux leaders mondiaux, pour que le futur vaccin contre le Covid-19 soit exempt de brevets et gratuit pour tous.


Le rôle primordial des institutions financières

Les banques centrées sur des valeurs, comme les banques de la Global Alliance for Banking on Values dont fait partie Triodos, partent du principe que leurs crédits et investissements doivent toujours bénéficier à la société et à la planète. 

Hans Stegeman : « Il est rassurant de constater que de nombreuses banques, au cœur de la crise, sont prêtes à épauler les entreprises et à assouplir leur position en matière de remboursement des prêts. Mais ce n’est qu’un début, parce que dans les années à venir, on demandera aux banques de faire preuve de beaucoup plus de responsabilité sociétale. Elles devront investir dans des entreprises et initiatives durables. Elles vont aussi devoir se concentrer sur le financement de l’économie réelle. Elles contribueront ainsi à opérer l’indispensable transition vers une société durable ».
 

Crédits professionnels

La Banque Triodos construit toutes ses activités autour de 3 grands thèmes : l'environnement, la culture et le social. À travers ces thèmes, nous sommes actifs dans un large éventail de secteurs.

Apprenez-en plus sur notre impact environnemental, social et culturel.


1. Chiffre à fin mai 2020.