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Pour lutter contre le changement climatique et la perte de la biodiversité constatés à l’échelle mondiale, la proposition de règlement de l’UE sur la déforestation requiert des entreprises qu’elles s’assurent que leurs produits vendus au sein de l’Union européenne ne soient pas issus de la déforestation ou de la dégradation des forêts. Ce règlement a pour ambition d’offrir aux consommateurs la garantie que les produits qu’ils achètent ne contribuent pas à la destruction des forêts. La Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil européen sont actuellement en pourparlers concernant la version définitive du règlement de l’UE.

 
Règlement effective

Le nouveau règlement a pour objectif de lutter contre la déforestation mondiale dont l’UE est responsable en imposant des obligations de diligence raisonnée aux organisations qui mettent à disposition certains produits de base et produits associés à la déforestation et à la dégradation des forêts sur le marché européen ou qui les exportent depuis l’Union. Sont concernées par ce règlement les importations de café, de bois, d’huile de palme, de bétail, de soja et de cacao. Les signataires de cette lettre ouverte soutiennent la proposition du Parlement européen d’imposer équitablement aux banques et aux investisseurs des procédures de diligence raisonnée dans le règlement, puisque leurs services pourraient contribuer à soutenir des activités liées directement ou indirectement à la déforestation et à la dégradation des forêts.


Émissions de GES

D’après l’IPCC reporting, 23 % des émissions totales de GES causées par l’homme sont liées à l’agriculture, à la sylviculture et à d'autres utilisations des sols. La déforestation et la dégradation des tourbières sont d’ailleurs les principaux facteurs d’émissions de GES, faisant d’elles une cause majeure du changement climatique. Les forêts et les tourbières constituent de puissants puits de carbone. Leur protection compte parmi les mesures d’atténuation les plus efficaces, dans la mesure où elle est susceptible de réduire les émissions de GES de près d’un tiers.
 
Les travaux de défrichement mis en œuvre pour répondre aux besoins de l’agriculture (par exemple, production d’huile de palme, de soja et de viande bovine) et pour permettre le développement d’autres produits de base (tels que la pâte à papier et le papier, le bois, le caoutchouc) constituent les principales causes de déforestation et de dégradation des forêts. Ces secteurs, impliqués dans des conflits fonciers avec les communautés autochtones et locales et dénoncés pour leurs pratiques d’exploitation au travail, sont également associés à de sérieuses violations des droits de l’homme.


COP 27 : des avancées insuffisantes

 La COP 27 est un moment important pour faire le point sur les progrès réalisés à l’égard des engagements pris lors de la COP 26, notamment la déclaration des dirigeants de Glasgow sur les forêts et l’utilisation des terres par laquelle 145 nations, représentant 90 % des forêts mondiales, se sont engagées à mettre fin au processus de déforestation et à l’inverser au cours de cette décennie. Un an plus tard, les experts déplorent le peu de mesures entreprises pour financer des dispositifs de protection ou adopter de nouvelles lois sur la conservation.
 
Dans cette déclaration, la Commission européenne et les États membres de l’UE signataires s’engagent notamment à « faciliter l’alignement des flux financiers sur les objectifs internationaux visant à inverser la perte et la dégradation des forêts, tout en veillant à ce que des politiques et des systèmes robustes soient en place pour accélérer la transition vers une économie qui soit résiliente et fasse progresser les forêts, l’utilisation durable des terres, la biodiversité et les objectifs climatiques. »

L’UE a, à présent, l’opportunité d’intensifier ses efforts et d’adopter, durant les négociations finales en faveur du règlement de l’UE sur la déforestation, une loi adaptée à l’objectif poursuivi. 

Lutte contre l'érosion de la biodiversité

La Banque Triodos s’est, elle aussi, récemment ralliée à l’appel lancé aux chefs d’État par plus de 330 entreprises et institutions financières – et initié par Business for Nature – à aller au-delà des actions volontaires et à « transformer les règles du jeu économique et exiger des entreprises qu’elles agissent dès maintenant » pour mettre un terme au recul de la biodiversité et inverser la vapeur lors de la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (CDB COP15) qui se tiendra en décembre 2022. Nous exhortons les dirigeants du monde entier à adopter des obligations réglementaires pour toutes les grandes entreprises et institutions financières afin d’évaluer et divulguer leurs impacts et dépendances à l’égard du milieu naturel d’ici 2030.

La Banque Triodos est convaincue que la lutte contre l’appauvrissement de la biodiversité – l’une des menaces systémiques les plus urgentes et les plus complexes à l’heure actuelle – nécessite de déployer des efforts supplémentaires. Dans notre récent article sur la biodiversité, nous expliquons que ce défi ne peut être relevé qu’en réévaluant sérieusement nos modèles de production et de consommation ainsi que les hypothèses économiques qui sous-tendent les processus décisionnels individuels et collectifs.