Alice Collard, directrice Clé des Champs: "Nous tenons à rester une entreprise à taille humaine, où tout le monde se connaît."

Alice Collard est directrice de la Clé des Champs depuis 2010. Située dans un cadre champêtre, cette entreprise familiale, créée par ses parents en 1985, accueille 58 résidents. « Nous sommes une petite structure qui ne dépend pas d’un groupe. Et nous tenons à rester une entreprise à taille humaine, où tout le monde se connaît. Cette spécificité est d’ailleurs plébiscitée », explique Alice Collard. « La preuve : notre taux d’occupation approche 100% et la liste d’attente s’étire sur plus d’un an ». Pas de grands projets d’extension ou de construction, donc, mais des améliorations continues avec un objectif central : réduire la consommation d’énergie.

1. Des travaux énergétiques ciblés, rentables à court terme.

« Pour nous, l’enjeu est d’entretenir et rénover petit à petit nos bâtiments, qui commencent à dater », explique Alice. « Sur le plan énergétique, nous ne pouvons pas investir dans une transformation globale, il faut donc procéder par des améliorations ciblées. Et à chaque fois, nous faisons la balance entre coûts et bénéfices ». C’est ainsi que le placement de 70 panneaux photovoltaïques s’est imposé comme un choix idéal. « L’amortissement de ce type d’installation est rapide : 10 à 15 ans, parfois moins », précise Louise Dumont, chargée de relation à la Banque Triodos.

Ces travaux s’inscrivent dans une démarche de longue durée. « En 2015, nous avions déjà installé des vannes thermostatiques dans tous nos locaux, ce qui a permis de réduire notre consommation de chauffage de 25 à 35% ! Nous avions aussi des panneaux solaires thermiques pour l’eau chaude. » Des actions plus ponctuelles sont également menées, comme le remplacement d’ampoules par des LED ou l’installation de détecteurs de mouvements dans certains locaux. « Dans une maison de repos, le principal poste électrique, c’est l’éclairage. »

L’avenir ? Les projets ne manquent pas. « Nous prévoyons l’isolation et la réfection du toit principal vers 2025 », indique Alice Collard. Le remplacement des châssis est un objectif plus lointain. « Les châssis sont un poste très coûteux et difficile à financer pour une organisation telle que la nôtre ».

2. Estimer l’impact : 25% de la consommation électrique à la Clé des Champs !

Alice Collard : « J’ai eu un contact avec une société spécialisée au début de l’année 2022. La guerre en Ukraine venait d’éclater et les prix de l’énergie commençaient à s’envoler. Cela nous a décidé à agir rapidement ». La décision a été prise dès la fin du printemps et le projet financé en quelques semaines (voir ci-dessous). Six mois plus tard, en décembre, les panneaux photovoltaïques étaient installés et prêts à tourner à plein régime. « Il est trop tôt pour mesurer l’impact financier des travaux, mais d’après les estimations des experts, les panneaux devraient fournir environ 25% de notre électricité annuelle. »

3. Enclencher une dynamique collective pour réduire l’impact climatique

Petit à petit, de bonnes habitudes sont prises et la prise de conscience gagne du terrain.

« Nous ne mesurons pas encore notre impact climatique, mais on y pense de plus en plus », indique Alice Collard. Ici, il s’agit avant tout de dynamique collective. Petit à petit, de bonnes habitudes sont prises et la prise de conscience gagne du terrain. « Depuis quelques années, nous faisons le tri des déchets, malgré le surcoût pour la location de conteneurs. Les résident·es sont invité·es à participer à leur échelle. Nous les incitons aussi à utiliser des carafes et des gourdes plutôt que des bouteilles en plastique. Et nous avons demandé aux familles de remplacer les ampoules des lampes de chevets. »

Le personnel aussi se mobilise. « Nous avons un chef cuistot très sensible à ces questions. En cuisine, on évite au maximum les emballages individuels et on réutilise autant que possible les restes. Et quand on remplace une machine à laver par exemple, on essaie d’opter pour un modèle moins énergivore. » Le chemin est encore long, mais il y a une réelle volonté d’avancer. « Ce qui est sûr, c’est qu’on ne s’en fiche pas ! », résume Alice.

4. Compter sur le soutien d’une banque engagée

Quelle est l’importance d’un partenaire financier pour la maison de repos ? « En réalité, nous ne serions pas là aujourd’hui si une banque atypique (NDLR : la Banque Triodos) n’avait pas accepté de prendre le risque de nous soutenir », relate Alice Collard. « Lors du rachat de l’entreprise, la situation financière n’était pas très bonne. C’est parce que la Banque Triodos avait la volonté et l’habitude d’investir dans des projets à caractère social comme le nôtre qu’elle a accepté de nous accompagner, alors que les autres banques ne regardaient que les chiffres et nous opposaient un refus systématique. » 10 ans plus tard, la situation de La Clé des Champs a donné raison à Triodos.

En ce qui concerne le financement des nouveaux panneaux photovoltaïques, l’entreprise a pu compter sur la procédure accélérée du crédit TRIODOS ENERGY IMPACT. « Nous n’avions fait qu’un seul devis, avec une société spécialisée, dont nous connaissions le sérieux. Le projet a été accepté immédiatement et deux ou trois semaines plus tard, l’argent était sur notre compte. » Cela a contribué à la rapidité du chantier, un avantage d’autant plus précieux que cela permet de recueillir plus vite les fruits de l’investissement.

5. Commencer par vérifier l’état de votre toiture !

« Je n’ai pas la prétention de dire à mes collègues ce qu’ils doivent faire », avance Alice, prudemment. « Mais les experts sont unanimes : l’installation de panneaux photovoltaïques est un investissement très avantageux. Un seul couac, de taille, a entaché notre chantier : le toit du bâtiment principal s’est avéré en piteux état. Il a donc fallu se rabattre sur un autre bâtiment, un peu moins bien orienté. » Heureusement, cette alternative était praticable et rentable, mais les choses auraient pu moins bien tourner. « Avant d’installer des panneaux solaires, il est vraiment important de faire vérifier l’état de votre toiture ! » Un conseil qui pourrait être utile à bien des ASBL et PME occupant des bâtiments âgés. Et au passage, pensez à l’isolation, qui permet de réduire jusqu’à 30% les pertes de chaleur !