Et si notre salut se trouvait dans une pâtisserie ? En se servant de l’image d’un simple donut, l’économiste britannique Kate Raworth a élaboré un nouveau modèle économique pour répondre aux principaux enjeux mondiaux du XXIe siècle : le changement climatique et la justice sociale. Ce pour quoi se battent aujourd’hui gilets jaunes et participants aux marches pour le climat. 

Donut Economy
Donut Economy, Kate Raworth

Dans la Théorie du Donut, notre modèle économique devrait se situer entre un « seuil social » permettant l’épanouissement de chaque être humain (l’accès à la nourriture, un emploi, un revenu, une voix politique, …) et un « plafond environnemental » qui représente les limites planétaires (incluant, notamment, la perte de biodiversité, la surutilisation d’eau douce, la pollution chimique, les changements climatiques, …).

Cette « nouvelle économie » ne repose plus sur un schéma linéaire allant de l’extraction des ressources, à la production et à la redistribution – très inéquitable – des produits et des gains, mais sur un schéma régénératif (économie circulaire) et redistributif. Pour faciliter l’assimilation de son modèle, Kate Raworth lui a donné une forme très reconnaissable : celle d’un donut. Elle bouscule, au passage, le dogme de la croissance à tout prix.

A travers leurs activités de crédit et d’investissement, les banques et les gestionnaires de fonds disposent, en finançant l’économie, de leviers considérables car toute décision financière constitue également un choix sociétal.


Vers un système énergétique neutre en carbone 

D’après le rapport du GIEC d’octobre dernier, limiter le réchauffement climatique à 1,5°C par implique de réduire d’au moins 45 % les émissions de CO2 à l’horizon 2030 et de les avoir totalement supprimées en 2050. Selon les experts de Triodos Investment Management, sans mesures drastiques, nos émissions de CO2 seront encore plus importantes dans le futur : 10 % d’ici à 2030 et de 25 % d’ici à 2050.  

Une transformation radicale de notre modèle énergétique est indispensable si l’on veut atteindre les objectifs de l’Accord de Paris. Une économie durable ne peut être que neutre en CO2
Hans Stegeman, Head of Research and Investment Strategy chez Triodos Investment Management, le gestionnaire des fonds de placement de la Banque Triodos.

La neutralité carbone signifie que nos activités de production et de consommation ne doivent plus émettre de CO2. En cas de dépassement, les émissions doivent rester dans des limites que la biosphère puisse capturer, comme c’était le cas avant la révolution industrielle.

Notre consommation d’énergie fossile est responsable de 80 % des émissions de gaz à effet de serre. Développer une économie zéro carbone a donc des impacts sur l’ensemble de nos activités.

Towards a carbon neutrality

Pour la Banque Triodos, cela signifie qu’il faut amplifier et accélérer le financement des énergies renouvelables et de la transition énergétique au sens large (nouvelles formes de mobilité, modèle alimentaire durable et équitable, efficience et économies énergétiques, systèmes énergétiques décentralisés et démocratiques, etc.).

Par ailleurs, il faut réduire les ‘actifs bruns’ aux bilans des banques et fonds de placement, c’est-à-dire que les investissements et les crédits alloués à des activités nocives pour l’environnement, doivent drastiquement diminuer. 

Vers une société inclusive

Qu’il s’agisse de la façon de le juguler ou d’y palier, le changement climatique aggrave les inégalités sociales. Des mesures positives pour l’environnement mais socialement inéquitables ont peu de chance d’aboutir et de perdurer. D’autre part, les plus importantes victimes du changement climatique, seront aussi celles qui auront le moins de moyens pour s’y adapter. Tout comme Kate Raworth l’explique dans ‘le donut’, l’inclusion sociale est l’une des conditions de la viabilité du système économique. 

Towards an inclusive society

A l’échelle mondiale, le gouffre est vertigineux et, même au sein de nos sociétés occidentales, les écarts se creusent dramatiquement. Selon un rapport d’Oxfam, 50 % de la population mondiale n’a pas perçu le moindre bénéfice de la croissance mondiale en 2017, alors que 82 % de la richesse produite dans le monde cette même année a enrichi davantage  le 1 % le plus riche de la population mondiale. De son côté, le FMI rapporte que les inégalités de revenus ont augmenté dans 53% des pays du globe en 2017, sous l’effet de la mondialisation et des changements technologiques, notamment.

Une économie durable doit privilégier l'inclusion sociale
Hans Stegeman

Les entreprises dans lesquelles les fonds Triodos investissent, sont sélectionnées sur la base de leur engagement à long terme en matière de développement durable et leur contribution matérielle à nos thèmes de transition.

« Il y a différentes manières d’y parvenir », explique Hans Stegeman : « en privilégiant la diversité au sein de son personnel, en mettant en place des politiques salariales équitables, en contrôlant sa chaîne d’approvisionnement, en produisant de manière éthique, etc. Ces approches requièrent toutes une vision à long terme. Il faut impérativement sortir du schéma ‘court-termiste’ actuel qui mène à la destruction de la valeur économique et à une distribution inéquitable de la richesse. » 

La transition énergétique et sociale de notre économie commence à prendre forme dans de multiples domaines. C’est probablement plus visible au niveau des grandes entreprises. Mais là où les nouvelles idées foisonnent, c’est du côté des initiatives ‘bottom up’, qui viennent de la société civile, du terrain.

Découvrez les exemples de Rikolto dans le domaine de l'alimentation, de DuCoop au niveau du logement ou encore d'Urbike sur le plan de la mobilité, à travers les autres articles de ce dossier.

Dossier : Climat et inclusion sociale

Une série d'articles qui illustrent combien, pour la Banque Triodos, le climat est à la fois un enjeu environnemental et social.