Résultats de la COP15

 

Sans prétendre à l’exhaustivité (23 objectifs d’action urgente ont été fixés), les principaux résultats de la COP15 sont :

  • Un accord pour préserver 30% de la nature planétaire à la fin de cette décennie : l’objectif le plus ambitieux de la COP15 (un objectif minimaliste à certains égards) a été atteint, à la surprise de certains observateurs. Aujourd’hui, 17% des terres et 10% des zones marines sont sous statut de protection. La formulation finale enjoint les gouvernements à conserver près d’un tiers de la nature planétaire d’ici 2030, tout en respectant les territoires indigènes et traditionnels dans le processus d’extension des zones protégées.
  • Les droits des peuples indigènes au cœur des projets de conservation : plusieurs études scientifiques ont montré que les peuples indigènes sont les meilleurs gestionnaires de la nature. Ils représentent 5% de l’humanité et ils protègent 80% de la biodiversité de la planète. Lors de la COP15, il a été convenu que les modèles de conservation par les populations indigènes doivent devenir la règle durant cette décennie si nous voulons agir de manière concrète pour la biodiversité. Les droits des populations indigènes doivent également être mieux protégés.
  • Réforme des subsides néfastes pour l’environnement : à l’échelle mondiale, 1 800 milliards de dollars sont dépensés chaque année en subsides publics qui alimentent la destruction de la vie sauvage et l’augmentation de la température globale, selon une étude publiée en 2022. Les gouvernements se sont accordés sur l’importance de changer les choses en réduisant ces subsides de 500 milliards de dollars par an d’ici 2030.
  • Transparence pour les entreprises : bien que le vocabulaire ait été édulcoré dans la version finale du texte, l’accord exige des gouvernements qu’ils s’assurent que les grandes entreprises et entreprises transnationales divulguent « leurs risques, dépendances et impacts liés à la biodiversité ». Si elle est mise en œuvre, cette mesure pourrait déclencher un changement significatif dans les pratiques du monde économique. Environ la moitié du produit intérieur brut global dépend d’un fonctionnement sain des écosystèmes selon les Nations unies et le déclin de la biodiversité grimpe rapidement dans l’ordre des priorités en matière de risques pour les entreprises.

La Banque Triodos applaudit cette étape importante et cette approche plus holistique de la biodiversité, qui ne se contente pas de prendre en considération les causes directes du déclin des espèces, mais aborde aussi les intérêts et le rôle des communautés locales et des populations indigènes. Elle apprécie également une meilleure prise en compte des objectifs d’égalité des genres dans les projets de conservation (ce qui est particulièrement important dans l’agriculture de subsistance) et une plus grande reconnaissance du fait que la nature ne se réduit pas (uniquement) aux services écosystémiques (services rendus par la nature à l’économie) mais possède une valeur en soi. Le CMB est plus ambitieux qu’attendu.

À quelles conditions pourra-t-on parler de succès de la COP15 ?

 

La Banque Triodos est convaincue que l’accord ne portera ses fruits que s’il peut être mis en application. Malheureusement, l’accord n’est pas juridiquement contraignant à ce jour.

La mise en œuvre de l’accord dépend du même type de plans définis à l’échelle nationale (Stratégies et plans d’actions nationaux sur la biodiversité (SPANB) que l’accord de Paris sur le climat. Or, sept ans après l’accord de Paris, les plans nationaux n’atteignent toujours pas les ambitions fixées. La même chose pourrait arriver aux objectifs pour la biodiversité si aucun mécanisme d’application n’est adopté.

En outre, la Banque Triodos appelle les gouvernements à rendre les objectifs pour 2030 plus spécifiques et ce, dans un avenir proche. Ils devraient aussi apporter des réponses plus concrètes quant à la manière de s’attaquer aux modèles de production et de consommation non durables, qui constituent des facteurs sous-jacents du déclin de la biodiversité.

Le rôle de la finance dans la protection et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes

 

Le secteur financier doit limiter les dommages potentiels causés à la nature à un minimum et encourager partout où cela est possible les activités qui soutiennent des écosystèmes en équilibre. L’objectif de réduire la subsidiation et le financement des activités nuisibles de 500 milliards de dollars par an d’ici 2030 est une très bonne nouvelle. Cette ambition est la bonne. Cependant, la mise en œuvre de cet accord sera difficile, parce que tous ces subsides dépendent de politiques nationales et sont le plus souvent destinés à apaiser des difficultés sociales.

Le CMB vise à augmenter le niveau des ressources financières consacrées à la nature grâce à des fonds « de toutes provenances », en libérant 30 milliards de dollars pour les pays en développement. L’objectif est de mobiliser le financement privé et promouvoir le financement mixte pour lever des fonds nouveaux et additionnels au profit de la conservation, de la restauration et de l’utilisation durable de la nature.

Selon la Banque Triodos, le financement ne sera un succès que s’il cible les conditions de long terme pour des solutions basées sur la nature et développe une approche holistique de la biodiversité, dans le respect des intérêts des parties-prenantes.

Au total, l’accord est meilleur qu’attendu. Il s’agit maintenant de passer à son application légale et sa mise en œuvre. En commençant par cesser dès maintenant de nuire à la nature.