Pour remédier à la pollution croissante par le plastique, les entreprises du secteur de la grande consommation devraient prendre un rôle de premier plan dans la réduction, la réutilisation et le recyclage du plastique. Pour commencer, les entreprises doivent être transparentes quant à leur utilisation du plastique. Et ensuite, elles doivent se fixer des stratégies et des objectifs ambitieux pour réduire, réutiliser et recycler les emballages en plastique.

Lorsque Triodos IM investit, il s’engage aux côtés des entreprises sur un vaste éventail de thématiques liées à la durabilité, notamment la pollution par le plastique, à la fois directement et en collaboration avec des investisseurs partageant le même état d’esprit. Avec 185 investisseurs représentant USD 10.000 milliards d’actifs combinés et coordonnés par la Vereniging van Beleggers voor Duurzame Ontwikkeling (VBDO – association néerlandaise d’investisseurs pour un développement durable), Triodos IM a signé une déclaration exigeant que les entreprises adoptent une approche plus radicale pour réduire leur dépendance au plastique.

Triodos IM a lancé un programme d’engagement pour recueillir des informations, identifier les meilleures pratiques et rédiger des questions à soulever avec les entreprises dans lesquelles il investit. Cette initiative promouvant l’engagement est particulièrement axée sur les entreprises de produits de grande consommation étant donné que c’est le secteur qui utilise le plus d’emballages plastiques.

7 résultats clés

  1. Chaque entreprise avec laquelle Triodos IM s’est engagé reconnaît que la pollution par le plastique est un problème critique. Toutefois, s’attaquer à la pollution par le plastique dépasse les capacités des entreprises individuelles et requiert une action collective de l’ensemble des parties prenantes de la chaîne de valeur, tant publiques que privées. Au-delà de chercher des solutions, les entreprises collaborent également avec d’autres acteurs de leur secteur.Les entreprises japonaises de produits ménagers et de soins personnels Lion et Kao se sont lancées en 2020 dans un partenariat pour collecter et recycler des flacons de recharge et des brosses à dents usagés. En mai 2023, elles ont réussi à lancer un détergent liquide concentré conditionné dans leur emballage en matériaux recyclés, démontrant la faisabilité de la production de conditionnements similaires en recyclant des emballages à recharger. On constate des collaborations entre différents marchés. Par exemple, la marque Birds Eye de Nomad Foods compte parmi les fondateurs signataires du UK Plastics Pact.
  2. De nombreuses entreprises visent à augmenter la recyclabilité de leurs emballages, en améliorant la possibilité de les collecter et de les trier, ou de les récupérer pour les utiliser ou les réutiliser dans d’autres produits. En 2022, Danone a franchi une étape importante puisque 84% de ses emballages sont devenus réutilisables, recyclables et compostables. Le recyclage des pots de produits laitiers demeure un défi en raison d’infrastructures de collecte et de recyclage inadéquates, quel que soit le matériau utilisé pour la fabrication des contenants. Danone a pour but de produire 100% de pots recyclables en basant le choix des matériaux sur les perspectives de recyclabilité dans différents domaines. Si cela peut paraître un objectif facile à atteindre pour les entreprises étant donné qu’il n’implique pas de recyclage effectif ni de contenu recyclé de l’emballage, cette étape est très importante pour augmenter le taux de recyclage du plastique. La plupart des conditionnements contiennent différents matériaux et/ou types de plastiques, de sorte qu’il est plus difficile de les séparer et de les utiliser comme matière première pour de nouveaux produits (d’emballage). Simplifier les emballages, par exemple en réduisant le nombre de matériaux différents, permet aux entreprises de traitement des déchets de les séparer plus facilement pour en faire des matières premières. Les emballages d’Acomo sont presqu’exclusivement composés de matériaux uniques, ce qui les rend plus faciles à recycler.
  3. De nombreuses entreprises se fixent des objectifs de réduction larges et non spécifiques. Le premier objectif est généralement de réduire le poids des emballages et d’en améliorer la conception.ITO EN collabore avec l’entreprise de conditionnement Toyo Seikan pour développer le système Non-Sterilant (NS). Ce système, au-delà de permettre une mise en bouteille stérile à température ambiante sans utilisation d’agents stérilisants, réduit la consommation d’eau et allège les bouteilles. Cette innovation diminue les matériaux utilisés et les émissions de CO2 lors du transport, et favorise par ailleurs la production et la logistique environnementalement responsables dans le secteur des boissons.
  4. Fixer des objectifs spécifiques en matière d’utilisation ou de recyclage du plastique n’est pas toujours une évidence. Tandis que l’augmentation de la teneur en matériaux recyclés semble être un objectif logique pour réduire la production de plastique vierge, certaines études (par ex. celle de Lego) affirment que les produits fabriqués à partir de matériaux totalement recyclés produisent davantage d’émissions de carbone au cours de leur cycle de vie complet que les produits à base de matériaux vierges. Le bioplastique, lui aussi, semble être une alternative logique aux plastiques classiques étant donné qu’il est issu de ressources renouvelables. Il est cependant confronté aux mêmes défis environnementaux que le plastique classique et nécessite une grande quantité de ressources qui pourraient par ailleurs être utilisées en production alimentaire.
  5. Seules quelques-unes des entreprises que nous avons évaluées ont fixé des objectifs spécifiques quant au recyclat. Les entreprises alimentaires ne peuvent pas toujours utiliser des éléments recyclés pour produire des emballages primaires – c’est-à-dire en contact direct avec l’aliment – étant donné les risques potentiels de contamination. Parmi les exceptions, citons les systèmes d’emballages consignés de Danone et ITO EN, ce dernier atteignant actuellement un taux de récupération d’à peine 14%. Dans cette étude, Essity se démarque en tant que seule entreprise s’étant fixé un objectif de contenu recyclé pour ses emballages plastiques, le but étant d’atteindre 25% d’ici 2025. En 2022, l’entreprise a atteint un taux de 12%, comparable aux 13% de P&G. Bien que P&G ne dispose pas d’un objectif à l’échelle de l’entreprise, ses marques individuelles possèdent leurs propres objectifs en matière de contenu recyclé.
  6. Lorsqu’il s’agit d’éliminer les substances chimiques dangereuses des emballages, la plupart des entreprises fournissent des informations plutôt vagues et anecdotiques. Henkel et Danone s’engagent à éliminer progressivement le polychlorure de vinyle (PVC). Depuis 2018, Danone a réduit son utilisation de PVC de plus de 90%. Entre-temps, Henkel limite son usage de PVC à quelques rares cas exceptionnels en l’absence d’alternatives viables, ce qui représente 0,05% du total de ses volumes d’emballage.
  7. Les perspectives liées aux emballages en papier semblent plus positives. La plupart des entreprises se fournissent prioritairement en fibres recyclées et, à défaut, se tournent vers des forêts certifiées, exploitées de manière durable (sources vierges telles que FSC, PEFC ou SFI). Le label FSC est souvent la certification préférée. Certaines entreprises actives dans les emballages en papier ont également été évaluées. Elles contribuent à réduire la quantité d’emballages plastiques en développant des alternatives en papier.  

Maintenir la pression

Les conclusions auxquelles Triodos IM est parvenu dans le cadre de ces défis liés à la pollution par le plastique et aux stratégies efficaces pour la combattre alimenteront ses futures conversations avec les entreprises dans lesquelles il investit. Les informations relatives à l’utilisation du plastique sont loin d’être complètes et les entreprises ne communiquent pas de façon uniforme sur les différentes données. En outre, de nombreuses données manquent alors qu’elles sont indispensables pour évaluer totalement l’utilisation du plastique par une entreprise et ses stratégies correspondantes. Triodos IM encourage activement les entreprises à améliorer leur reporting, notamment en contribuant au nouveau questionnaire sur les plastiques du CDP (Carbon Disclosure Project) sous la rubrique des risques liés à l’eau du CDP qui contribue à des pratiques standardisées en matière de rapports. L’objectif global de Triodos IM est de faire en sorte que ces entreprises éliminent le plastique à usage unique afin de réduire de manière drastique l’utilisation de matériaux et de développer des systèmes de réutilisation des emballages.

Parmi les titres dans lesquels Triodos IM investit, Danone, Procter & Gamble et Henkel sont les plus exposés à la pollution par le plastique, ce qui est logique étant donné leur taille. On notera que l’utilisation de plastique chez Danone et P&G est quasiment le double de celle d’Henkel. Étant donné leur empreinte plastique considérable, les futurs engagements de Triodos IM se concentreront principalement sur ces trois groupes. Les conversations avec ces trois entreprises ont montré qu’elles sont conscientes du problème et qu’elles s’engagent à s’attaquer aux conséquences néfastes des emballages plastiques.