Depuis 2005, les membres du collectif Rotor abordent la construction de manière complète : leur travail porte à la fois sur la conception ou l’aménagement des bâtiments et comprend aussi une partie de recherche sur le réemploi des matériaux de construction. Pour en savoir plus sur leur approche, nous avons rencontré Lionel Billiet, Associé et Chercheur de Rotor.
« L’idée est avant tout de donner une seconde chance à des matériaux repérés sur les grands chantiers qui, autrement, seraient détruits ou jetés. Que ce soit pour une nouvelle construction ou pour un projet de recherche, la réutilisation des matériaux de construction est notre point de départ. »
À la récupération des matériaux s’ajoute aussi une partie d’inventorisation et de vente grâce à un grand espace de stockage situé à Bruxelles. Par contre, il ne faut pas confondre leur démarche avec celle d’une entreprise de démolition, de revendeurs de matériaux de seconde main, ou d'antiquaires. Rotor se distingue car son intérêt porte plus sur des éléments d’architecture d’intérieur que sur du mobilier. Ce bureau récupère dès lors du carrelage, des appareils sanitaires ou des cloisons.
Une approche innovante
En 2014 est lancé le projet spin-off Rotor Deconstruction : intervenir sur des bâtiments avant rénovation pour extraire les éléments avec le plus grand potentiel de réemploi. Pour déterminer la valeur de ses éléments, plusieurs aspects sont pris en compte : l’état du matériau et les éventuelles réparations à apporter, le risque potentiel lié à ses composants, mais aussi les tendances actuelles ou les goûts personnels. En d’autres termes, il faut pouvoir anticiper la possibilité pour un élément d’intégrer un nouveau projet.
« Nous sommes très exigeants sur la qualité des matériaux. Pour nous, il ne s’agit pas d’éléments de second choix, mais plutôt d’éléments ayant une qualité suffisamment élevée pour que d’autres aient envie de les récupérer. »
Les membres de Rotor interviennent généralement sur des chantiers en stade bien avancé, où la plupart des décisions sur les éléments extérieurs ont déjà été prises, mais l’intérieur peut encore être modifié. Pour la grande rénovation des bureaux de la RTT, l’intervention de Rotor a permis aux architectes responsables du projet de repenser leur approche en réintégrant plus de 100 m2 de carrelage des anciens bureaux, datant des années 1940.
Pour des constructions durables
Les bâtiments représentent 40% de la consommation énergétique en Belgique. Appliquer les principes de l’économie circulaire au secteur de la construction est donc un moyen de réduire drastiquement notre empreinte énergétique. Suivant l’économie circulaire, il faut voir la construction comme un cycle et les matériaux usagés comme une ressource valorisable et non pas un déchet. De cette manière, nous limitons l’épuisement des ressources primaires et nous protégeons la planète.
Rotor, à sa manière, contribue au développement d’une économie circulaire en évitant de passer par un recyclage destructif, où les déchets seraient transformés pour revenir à l’état de matière première et ainsi consommer de l’énergie pour fabriquer de nouveaux éléments. Ils préfèrent nettement le réemploi des éléments de construction.
« L’intérêt de faire circuler ces matériaux est aussi de réduire notre impact sur l’environnement. Car dans un cycle de vie d’une construction, la production est la phase la plus polluante puisque c’est le moment où nous avons le plus besoin de ressources en matières premières. De plus, nous nous limitons à un circuit très local : les éléments récupérés proviennent de bâtiments en Belgique et sont réutilisés dans un périmètre assez court. »
Sans être le but premier, l’aspect social a aussi son importance dans la récupération des matériaux. Lorsque le chantier le permet, Rotor fait volontiers appel à des entreprises d’intégration ou de réinsertion par le travail. Enfin, le fait de sensibiliser autant d’acteurs (architectes, entrepreneurs, investisseurs, etc.) et de récupérer autant d’éléments permet, en quelque sorte, de revaloriser le patrimoine culturel de ces anciens bâtiments.
Près de chez vous
- Le Grand Central, un café aménagé par Frédéric Nicolay, qui a ouvert récemment à Bruxelles et dont tout le revêtement au sol est une œuvre de récupération de Rotor.
- Anciennement connu sous le nom des Abattoirs de Bomel, le nouveau Centre Culturel de Namur a été dessiné et aménagé par Rotor en 2016.
- Le site web Opalis est l’aboutissement d’une longue recherche menée par Rotor qui regroupe tous les revendeurs professionnels de matériaux de récupération pour la construction.
- Rotor Deconstruction a reçu cette année le prix Henri Van de Velde. À cette occasion, le travail de RotorDC a été présenté à Bozar, parmi les autres lauréats du prix.
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