« Les obligations vertes et sociales, ou obligations d’impact, pour lesquelles l’utilisation des produits est clairement précisée, sont des instruments financiers appropriés pour garantir le financement de ces projets », affirme Rosl Veltmeijer, gestionnaire de portefeuilles chez Triodos Investment Management. « Ces obligations financent des projets qui permettent, par exemple, l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets, la protection de la biodiversité et des transports plus propres. »

Changement de vitesse

Cela se fait déjà, mais le niveau d'émissions actuel n’est toujours pas à la hauteur pour financer une économie parée pour l’avenir. 260 milliards d’euros par an seront par exemple nécessaires à la réalisation des objectifs actuels de l’Union européenne en matière de climat et d’énergie d'ici 2030. Un chiffre important si on le compare au total des obligations vertes et sociales en circulation. En 2020, année la plus faste jusqu’à présent concernant les émissions souveraines vertes, environ 24 milliards d’euros d’obligations vertes ont été émis. Avec un encours de 27 milliards d’euros, la France est le plus grand émetteur souverain vert au monde, suivie par l’Allemagne, avec un encours de près de 12 milliards d’euros. Les Pays-Bas et la Belgique comptent environ 9 milliards d’euros d’encours. L’Allemagne a seulement émis sa première obligation verte en septembre 2020. L’Irlande, la Pologne et la Suède ont également émis des obligations vertes. L’Espagne et l’Italie envisagent d'émettre leurs premières obligations vertes en 2021.

Un autre pays a longtemps gardé le silence : le Royaume-Uni. « Alors que le Royaume-Uni va assumer la présidence de la COP26 (qui se tiendra en novembre 2021), il est temps que le pays commence à montrer l’exemple. Entreprendre un redressement écologique pourrait commencer par l’émission d’obligations vertes », selon Rosl Veltmeijer. À mesure que la demande du marché pour un « green Gilt » (programme d'émissions souveraines vertes et sociales) gagnait du terrain dans le courant de l’année 2020, le Royaume-Uni a finalement annoncé en novembre dernier qu'il allait émettre des obligations vertes plus tard cette année.

D'après Triodos Investment Management, quatre raisons expliquent pourquoi le moment est venu pour les gouvernements et les régions d’émettre ou d’augmenter leurs émissions de telles obligations :

  1. En raison de la crise liée au coronavirus, les gouvernements ont un besoin d’emprunt plus élevé. Cet argent est utilisé pour financer les énormes programmes de relance que les gouvernements ont annoncés pour soutenir les entreprises et les secteurs.
  2. En émettant des obligations vertes ou sociales, les gouvernements affichent clairement l’engagement de leur pays en faveur d’une économie plus verte et plus inclusive. À l’heure actuelle, une grande majorité de la dette encourue pour financer les mesures de soutien va à l’industrie des combustibles fossiles. Seule une fraction du montant est dépensée dans les industries à faibles émissions de carbone, énergies renouvelables comprises. L'émission d’obligations vertes ou sociales assure que les gouvernements dépenseront cet argent avec sagesse.
  3. Le Pacte vert pour l’Europe augmentera le nombre de projets écologiques nécessitant un financement. Cet accord ambitieux a pour objectif d’atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d'ici 2050.
  4. La demande des investisseurs monte en flèche. Ils souhaitent eux aussi augmenter leur impact environnemental et social. D’après la Climate Bonds Initiative (initiative pour les obligations climat), des investisseurs ayant 45 milliards de dollars américains d’actifs sous gestion se sont engagés publiquement en faveur de l’investissement pour le climat et responsable. En dépit de l’environnement actuel de taux d'intérêt bas, toutes les obligations vertes et sociales sont fortement sursouscrites.

Comment Triodos IM investit dans des obligations vertes et sociales

Triodos IM investit dans des obligations souveraines, sous-souveraines et d’entreprises. L’investisseur à impact se concentre sur les émetteurs d’entreprises et sous-souverains qui contribuent à un ou plusieurs de ses thèmes de transition. Ces obligations sont complétées par des obligations vertes et sociales thématiques sélectionnées avec soin émises par des entreprises qui répondent à leurs normes minimales strictes.

Triodos IM investit également dans des obligations souveraines « vanille », car elles sont importantes pour gérer le risque et la liquidité des portefeuilles de titres à revenu fixe. Contrairement à ce que Triodos IM peut faire quand elle investit dans des titres de créance d’entreprises, en tant que fournisseur de capitaux d’institutions souveraines (obligations souveraines « vanille »), elle n’est pas en mesure d’orienter l’utilisation des produits ni d'influencer l’agenda politique des émetteurs. Toutefois, Triodos IM choisit réellement de diriger ses capitaux dans des obligations vertes et sociales souveraines et régionales. Triodos IM investit actuellement dans des obligations vertes émises par les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique, l’Irlande et la France et dans des obligations régionales émises par Madrid et la Flandre, entre autres. Certaines ont un caractère vert, d'autres, un caractère social, comme la première obligation émise par la Flandre, qui est axée sur le logement abordable et l’accès à l'éducation.

« Nous entendons accroître notre exposition souveraine et régionale aux obligations vertes et sociales et nous nous réjouissons d'accueillir le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Italie sur ce marché », conclut Rosl Veltmeijer.