Aujourd’hui, alors que le dérèglement climatique et la perte de biodiversité menacent à la fois notre économie et la vie sur Terre, le secteur financier a un vrai rôle à jouer pour apporter des solutions. Les solutions fondées sur la nature, appelées Nature-based Solutions ou NbS en anglais, conjuguent restauration de la nature, résilience économique et bénéfices pour la société. Mais au fond, qu'est-ce que c'est exactement ? Et comment les investisseurs peuvent-ils s’impliquer ? Nous avons posé la question à Mareike Hussels, Product Development Manager chez Triodos IM.

Les solutions fondées sur la nature, qu’est-ce que c’est et pourquoi est-ce important ?
« Les solutions fondées sur la nature sont des projets qui misent sur le pouvoir de la nature pour répondre à des enjeux majeurs comme la résilience face au climat, la sécurité alimentaire ou la gestion de l’eau, tout en générant des gains économiques. Reforestation, restauration des zones humides ou végétalisation des villes, tout ça aide à régénérer les écosystèmes, à renforcer notre résilience et à apporter des bénéfices durables aux communautés et à l’industrie. Les solutions fondées sur la nature sont vraiment cruciales pour faire face aux défis du changement climatique et de la perte de biodiversité. D’ailleurs, plus de la moitié du PIB mondial dépend directement de la nature ! Donc, quand nous abîmons l’environnement, c’est tout notre système économique qui est en danger. En investissant dans les solutions fondées sur la nature, nous réduisons ces risques tout en créant de la valeur, à la fois économique et sociale. »
Protéger la nature est donc vraiment important pour l’économie ?
« Absolument ! Nous avons besoin des écosystèmes pour manger, boire et respirer un air sain. Quand ils sont dégradés, c’est toute une série de secteurs qui sont fragilisés. Miser sur les solutions fondées sur la nature, c’est parier sur la capacité de la planète et de la société à rester productives sur le long terme. Ça permet aussi de limiter les risques à l’avenir et de créer des opportunités nouvelles. »
Et au niveau international, est-ce que cela avance ?
« Oui, ça bouge ! Le Kunming-Montréal Global Biodiversity Framework, adopté en 2022, vise à protéger 30 % des terres et des eaux de la planète d’ici 2030. Mais il faut y mettre les moyens : on parle d’un budget de 200 milliards de dollars chaque année. C’est un vrai sujet dans les négociations internationales, mais heureusement, cette année, un accord sur le financement a été trouvé. Et au niveau mondial, il va falloir éliminer ou réorienter 500 milliards de dollars de subventions qui font du tort à la nature. Ce genre de réforme est toujours compliqué, mais c’est une chance d’investir davantage pour avoir un impact positif pour la nature. »
Quel rôle pour le secteur financier ? Et Triodos IM ?
« Au départ, l’argent public est indispensable, mais si nous voulons vraiment passer à la vitesse supérieure, il faut aussi des fonds privés. Les budgets publics ne suffisent pas à réunir les 200 milliards nécessaires chaque année. D’où l’importance du financement mixte et de la coopération entre public et privé, qui permet de limiter les risques pour les investisseurs et d’assurer un bon retour sur investissement. D’ailleurs, on voit déjà plus d’investissements privés dans les solutions fondées sur la nature, notamment à travers les crédits carbone. Mais il est essentiel de garder la nature et les communautés locales au centre des projets, pour garantir des résultats durables. »
Concrètement, qui porte ces solutions ?
« C’est tout un réseau qui s’y met. D’abord, les collectivités locales et les habitants de la zone concernée : ils connaissent le terrain et, pour les peuples autochtones, il y a un vrai lien avec la nature. Ensuite, les promoteurs qui transforment les idées en actions : Triodos, par exemple, finance Treevive, qui soutient de jeunes projets forestiers dans les forêts tropicales. Il y a aussi les organismes qui créent les normes et labels de qualité, les entreprises tech qui fournissent des données sur les écosystèmes, ou encore des plateformes comme Goodcarbon, à Berlin, qui connectent projets et acheteurs de crédits carbone ou biodiversité. Enfin, le support technique accompagne toutes les parties pour mener les projets à bien. »
Qu’est-ce qui vous enthousiasme dans ce secteur ?
« Avant, investir dans la nature était surtout une affaire de pouvoirs publics. Maintenant, grâce au marché du CO₂ et à la valorisation des services écosystémiques, le secteur privé peut vraiment contribuer à grande échelle. C’est nouveau, et c’est exactement ce qu’il faut pour réunir assez de fonds et d’énergie pour rendre la planète plus verte et plus saine. »
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