L’équité, la diversité et l’inclusion, ou EDI, désignent l’ensemble des pratiques mises en place par les entreprises pour assurer un traitement équitable, une juste représentation et la participation de tous au sein de leur personnel, peu importe leur origine ou leur identité. Concrètement, il s’agit de lutter contre les discriminations, de valoriser les différences et de veiller à ce que chacun ait les mêmes chances d’accéder aux opportunités et de progresser dans sa carrière.
Triodos Investment Management partage pleinement ces valeurs et les considère comme des piliers essentiels pour bâtir une société plus équitable, plus harmonieuse et plus prospère, notamment sur le lieu de travail.
Depuis quelques années, les investisseurs accordent une attention grandissante aux critères EDI, partant du principe que des environnements de travail inclusifs et diversifiés sont susceptibles de booster l’innovation, la productivité et les performances financières – c’est ce qu’on appelle l’argument en faveur de la diversité. Résultat : les données sur la diversité sont petit à petit devenues un élément incontournable des rapports ESG.
Le recul des EDI
Aux États-Unis, les critères EDI connaissent actuellement un net recul. Cette tendance avait déjà commencé en 2022, lors des vagues de licenciements dans le secteur Big Tech, où les postes liés à l’EDI ont souvent été parmi les premiers supprimés, touchant de façon disproportionnée les femmes et les minorités. Depuis, les changements politiques et juridiques ont poussé de nombreuses entreprises à revoir à la baisse leurs initiatives en matière de diversité.
Une récente analyse d’Equileap met en lumière cette évolution : on observe une réduction des objectifs en termes de diversité des genres et des origines, une diminution des programmes destinés aux entreprises détenues par des minorités ou des femmes, ainsi qu’une baisse de la diversité dans les listes de candidats. Certaines de ces initiatives se heurtent même aujourd’hui à des obstacles juridiques instaurés sous l’administration Trump. Du côté des actionnaires, les résolutions qui cherchaient auparavant à promouvoir l’EDI et les pratiques associées visent de plus en plus à restreindre, voire à démanteler ces actions, illustrant bien le changement d’ambiance sur le sujet.
Notre approche
Triodos Investment Management considère cette évolution comme particulièrement préoccupante. Pour l’équipe, l’EDI est avant tout la reconnaissance des différences d’origine, d’identité et d’expérience, ainsi que l’égalité d’accès aux opportunités et à l’avancement professionnel. Même si les progrès dans la représentation des femmes et des minorités à des postes de direction ralentissent, et que les arguments en faveur de l’EDI sont de plus en plus remis en question, nous restons convaincus que l’EDI constitue un prisme d’analyse pertinent pour les investissements.
Il est vrai qu’un environnement de travail diversifié et inclusif demande plus d’efforts à gérer, mais dans les entreprises qui y parviennent, on observe de meilleures prises de décision, une qualité de travail supérieure et un personnel plus satisfait. Autant de facteurs qui peuvent vraiment faire la différence sur le marché.
Dans notre démarche d’investissement, nous appliquons activement une approche sensible au genre et tenons globalement compte des pratiques EDI des entreprises lors de l’évaluation de nos portefeuilles et dans nos processus standards de due diligence. Par ailleurs, selon nos règles de vote par procuration, nous nous opposons à la présidence d’une entreprise et du comité de nomination si moins d’un tiers des membres du conseil d’administration appartient au genre le moins représenté.
Dans le cadre de nos investissements, nous discutons également avec les entreprises des enjeux liés au genre, comme l’écart de rémunération entre femmes et hommes, ou encore les politiques en faveur des familles. Enfin, à travers le dialogue avec les entreprises de nos portefeuilles, nous continuons d’insister sur l’importance de maintenir et d’améliorer le reporting sur les aspects EDI.
Soutien des résolutions d’actionnaires
Aux États-Unis, les résolutions d’actionnaires portant sur l’EDI sont monnaie courante. Dans le contexte politique actuel, il n’est pas toujours évident de savoir si les entreprises font marche arrière sur leurs initiatives EDI à cause de pressions extérieures ou simplement par manque de conviction. C’est pourquoi chaque résolution est examinée au cas par cas, afin de bien en comprendre les intentions, d’autant que certaines cherchent aujourd’hui à remettre en cause la légitimité des démarches EDI en les présentant comme de la discrimination inversée.
De manière générale, nous soutenons les résolutions qui encouragent un reporting régulier et plus détaillé sur la composition des équipes, avec des données ventilées par genre, origine ethnique et rôle, notamment en ce qui concerne l’embauche, la rétention et la promotion du personnel. Ces informations sont essentielles pour évaluer l’équité sur le lieu de travail et repérer d’éventuelles discriminations. Pour chaque cas, nous prenons en compte les engagements affichés par l’entreprise, les pratiques de reporting de ses homologues, ainsi que les coûts liés à une meilleure transparence.
Enfin, nous évaluons toujours le risque d’une réaction juridique ou politique, en pesant cette menace face à l’intérêt que représente la transparence pour les investisseurs, surtout dans les secteurs où l’EDI peut avoir un impact financier important, comme l’informatique, la santé ou les services financiers. Pourquoi ces secteurs en particulier ? Ils reposent sur des profils hautement spécialisés, et la satisfaction au travail de leurs employés a un impact direct sur les performances de l’entreprise. Pour un investisseur, il est donc tout à fait naturel de vouloir creuser la question.
Le rôle de la politique et des investisseurs
Pour faire avancer l’EDI, le soutien des gouvernements et l’existence de lois solides sont indispensables. Les entreprises installées dans des pays où les règles sur le reporting de la diversité et l’égalité des chances sont claires affichent généralement de meilleurs résultats en matière d’EDI. À l’inverse, là où les politiques publiques font défaut ou reculent, les investisseurs ont un rôle clé à jouer.
Chez Triodos Investment Management, le soutien à des politiques EDI ambitieuses et à une transparence accrue reste une priorité. Nous attendons des entreprises qu’elles fournissent des données précises sur la composition de leurs effectifs, l’égalité salariale et leurs pratiques d’inclusion, particulièrement (mais pas uniquement) dans les secteurs où ces aspects peuvent influencer les décisions économiques.
À nos yeux, la non-discrimination est un droit fondamental au travail et la base de sociétés vraiment pacifiques et prospères – un principe qui doit être respecté partout, dans tous les secteurs et domaines sociaux. À travers un engagement actionnarial actif, nous encourageons les entreprises à maintenir et à renforcer leurs efforts en matière d’EDI, peu importe le contexte politique, pour que le changement soit réel et durable sur le long terme.
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