Pendant six ans, Christiana Figueres a préparé l’Accord de Paris. Un accord signé par 195 pays qui s’engagement, par-là, à résoudre à bras-le-corps le problème de la pollution. C’est un véritable succès. Ainsi en attestent les projets que la majorité des pays ont proposés pour véritablement respecter cet accord.

Mais celui-ci n’est pas sans critique. Que se passera-t-il si le président de l’une des plus puissantes économies abandonne cet accord ? Et dans quelle mesure cet accord est-il efficace ?

Christiana Figueres était le 28 novembre 2016 à la Banque Triodos à Zeist pour raconter la mise en place de l’Accord sur le climat. "En six ans, nous sommes parvenus à faire comprendre à chaque pays les avantages qu’ils pouvaient en retirer s’ils s’engageaient pour le changement climatique. Cet aspect a constitué l’un des plus grands tournants entre Copenhague et Paris." nous confie-t-elle.

1. L’ Accord de Paris résout-il le changement climatique ?

Non. C’est dommage, bien entendu, mais la vérité, c’est que l’air est déjà pollué aux deux tiers du maximum. Et l'on ne peut plus faire machine arrière. Tant que l’homme existera, nous devrons nous contenter de ce tiers qu’il nous reste.

L’accord sur le climat délimite la voie que nous devons emprunter pour prévenir l’impact le plus grave du changement climatique. Ce que nous vivons aujourd’hui ne peut plus être inversé. Nous devons donc nous adapter à ces nouvelles conditions.

2. L’ accord sur le climat vaut-il pour tous les pays ?

Oui. L’accord est valable pour tous les pays. Pour la première fois dans l’histoire, 195 pays se sont réunis pour signer un accord innovant et ambitieux. Nous aurions pu opter pour la majorité, mais tous les gouvernements régionaux ont signé à l’unanimité. Quand on regarde de plus près ce que précise l’accord, c’est une nouvelle fantastique. Cela concerne, entre autres, la façon dont nous utilisons notre terre : de la déforestation à la consommation et la production d’énergie, en passant par les transports. Quand on pense que des pays comme l’Arabie Saoudite ont signé alors que ce sont des pays avec de grandes réserves de pétrole, c’est assez incroyable.

3. L’ accord est-il juridiquement contraignant ?

Oui, il est juridiquement contraignant pour les pays qui l’ont transposé dans la loi. Soit 109 pays au total. C’est étonnant qu’autant de pays l’aient fait, surtout en si peu de temps. Un record de rapidité pour les Nations Unies.

En 2020, le précédent accord sur le climat prendra fin. L’Accord de Paris avait pour objectif d’y succéder. Cela atteste de la prise de conscience croissante du problème du climat, même si nous ne sommes pas encore où nous devrions.

Néanmoins, des records ont été battus : par exemple, le secteur de l’aviation internationale a pris des engagements. Dès à présent, chaque compagnie aérienne tiendra compte du changement climatique et ont convenu d’économiser une quantité incroyable d’énergie et de diminuer considérablement le rejet de CO2. Ce n’est pas encore suffisant, mais c’est toutefois positif car il s’agit du premier secteur au monde qui s’engage à respecter un plafond d’émission.

L’accord a été mis en place parce que nous avons invité tous les pays à rédiger leur plan.
Christiana Figueres

4. L’ Accord de Paris va-t-il être mis en place ?

Oui. Et cela n’a rien à voir avec l’aspect juridiquement contraignant, mais bien parce que tous les pays l’ont accepté. L’accord a été mis en place parce que nous avons invité tous les pays à rédiger leur plan. Chaque pays a une politique et une économie différentes, y compris au niveau des ressources qu’ils épuisent.

Je viens du Costa Rica. Un bel exemple, car au Costa Rica, il n’y a pas d’énergies fossiles. L’arrêt de l’exploitation des énergies fossiles n’a donc aucun sens, mais nous pouvons arrêter d’en importer. Chaque pays doit ainsi envisager comment contribuer au mieux. Dans l’intervalle, 189 pays ont déjà rédigé leur plan.

La motivation, ce n’est pas que tous ces pays veuillent sauver le monde. Pour être honnête, peu de gens chérissent cet objectif. C’est plutôt dans leur intérêt national.

En six ans, nous sommes parvenus à faire comprendre à chaque pays les avantages qu’ils pouvaient en retirer s’ils s’engageaient pour le changement climatique. Cet aspect a constitué l’un des plus grands tournants entre Copenhague et Paris.

5. Et quid si les États-Unis ne participent pas ?

Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Ce qui se dit en campagne n’est pas toujours concrétisé. Et même si les États-Unis souhaitent se retirer, ce n’est pas si évident que ça. Selon la législation internationale, il faut quatre ans pour pouvoir se détacher de l’Accord de Paris.

Parallèlement, j’ai confiance dans le monde des entreprises et le secteur financier des États-Unis. Ceux-ci comprennent que le monde doit progresser et ne peut pas stagner, au risque de se retrouver perdants face à la concurrence mondiale.

Je compare toujours cela à une voiture à l’arrêt : il y en a toujours bien une qui s’arrête et cela ne change pas pour autant la direction prise par les autres voitures. Nous sommes disposés à venir en aide, mais si le conducteur ne le souhaite pas, nous continuons sans lui.

Au moment où Donald Trump a été élu nouveau président, le nouveau sommet sur le climat se déroulait à Marrakech. À cette occasion, 47 pays ont décidé de produire uniquement de l’énergie renouvelable d'ici 2020. La victoire de Trump a constitué une poussée dans le dos plutôt qu’un obstacle : en effet, la nécessité de poursuivre s’est avérée plus importante.

6. Quel est le rôle d’une banque ?

Je m’inquiète quant aux moyens financiers pour rendre l’Accord de Paris possible. Ce qui ne peut être financé ne pourra pas voir le jour. Le secteur énergétique doit subir une métamorphose, et il ne nous reste que peu de temps. Tant le secteur de l’énergie que le secteur financier sont depuis toujours conservateurs, alors qu’il s’agit des secteurs qui, aujourd’hui, doivent faire le plus d’efforts.

Nous avons besoin d’argent, tant de la part des autorités que du secteur privé. Nous le savons, mais les choses ne vont pas assez vite. Des millions de personnes ont collaboré à l’Accord de Paris, mais ce n’est plus du ressort de ces personnes.

Le secteur financier est mis à contribution. Le sort du climat est entre les mains des investisseurs écologiquement et socialement responsables. Des personnes qui prennent en considération la durabilité lors de chaque opération. Le changement dont le secteur financier a besoin doit aller aussi vite que le changement dans le secteur énergétique. La façon dont les capitaux seront attribués au cours des 5 années à venir déterminera la vie sur Terre des 300 prochaines années.

Christiana Figueres
Christiana Figueres, Photo (c) Michiel Wijnbergh

Qui est Christiana Figueres?

Christiana Figueres est une diplomate costaricaine. Six mois après le sommet sur le climat à Copenhague en 2010, Figueres a été nommée responsable du bureau climatique des Nations Unies et a mis tout en œuvre pour aboutir à un nouvel accord. Pendant six ans, elle a coordonné tous les sommets internationaux sur le climat avec pour objectif de limiter le réchauffement de la terre à 2 degrés celsius.

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