Depuis plusieurs décennies, l’agriculture est engagée dans un processus d’industrialisation accrue. La croissance de l’élevage intensif est désormais six fois plus importante que celle de l’élevage en pâturages. Ces pratiques ont un impact direct sur le bien-être des animaux, et ont également des conséquences négatives sur l’environnement : la biodiversité est menacée du fait, notamment, de la production d’aliments pour bétail au départ de graines génétiquement modifiées ou de cultures traitées aux pesticides.

L’extension des terres agricoles dans certaines parties du monde contribue à la déforestation et est à l’origine de conflits en matière de titres de propriété. Enfin, l’élevage industriel intensifie les changements climatiques en raison d’émissions massives de gaz à effet à serre. Les effets néfastes de ces pratiques sur la santé humaine ne sont pas à négliger non plus : l’utilisation intensive d’antibiotiques à titre préventif dans les élevages menace, par exemple, notre propre système immunitaire. Le confinement des animaux induit, par ailleurs, un risque de propagation de maladies.

Exigences minimales strictes

La défense du bien-être animal fait partie des engagements de la Banque Triodos depuis sa création. C’est l’une des raisons pour lesquelles elle finance l’agriculture biologique, considérée comme l’unique approche permettant une agriculture et une production alimentaire durables. Pour pouvoir intégrer les fonds d’investissement Triodos, les entreprises doivent avoir défini une politique stricte en matière de bien-être animal, qui va bien au-delà des exigences légales. La banque attend des entreprises impliquées dans l’élevage d’animaux qu’elles respectent le principe des Cinq Libertés, garantissant aux animaux de :

  • ne pas souffrir de la faim ou de la soif,
  • ne pas souffrir d’inconfort,
  • ne pas souffrir de douleurs, blessures ou maladies,
  • pouvoir exprimer les comportements naturels propres à l’espèce,
  • n’éprouver ni peur ni détresse.

Lorsque Triodos Research (TR) analyse une entreprise sur le plan de la durabilité, elle prend en compte d’autres éléments encore, comme les conditions d’hébergement et de transport, les méthodes d’abattage, l’utilisation d’antibiotiques à titre préventif ou d’hormones de croissance, ou certaines pratiques de mutilation (épointage du bec des volatiles, castration).

Dialogue avec les entreprises concernées

En 2014, Triodos Research a engagé le dialogue sur ces questions avec plusieurs entreprises actives dans la distribution alimentaire et la restauration. Courant 2016, elle a analysé les efforts accomplis ces deux dernières années.

Colruyt fait partie des entreprises qui sont à la pointe de ce combat éthique. L’enseigne de distribution a non seulement adopté des normes strictes en matière de bien-être des animaux, mais elle a aussi amélioré de manière significative son reporting et a par ailleurs encouragé ses fournisseurs à s’engager sur la même voie. « Nous souhaiterions aujourd’hui que Colruyt aille encore plus loin dans son engagement en communiquant sur de nouvelles actions concrètes et en étendant son action au-delà des frontières belges », commente-t-on chez TR.

Les fonds d’investissement Triodos comprend d’autres entreprises telles que le groupe hôtelier et de restauration Whitbread en Grande-Bretagne, l’enseigne de distribution de produits bio Whole Foods Market aux États-Unis ou encore la chaîne de prêt-à-porter H&M. Selon les spécialistes de TR, les étapes suivantes devraient concerner l’amélioration des pratiques dans les chaînes d’approvisionnement ainsi que dans d’autres gammes de produits, par exemple les produits laitiers et les plats préparés.

Un pas plus loin

Le bien-être animal est une problématique importante pour les filières agricole et alimentaire, mais cette question concerne aussi les fabricants de cosmétiques, de médicaments, de produits ménagers, de vêtements et d’accessoires. C’est pourquoi certaines exigences minimales de la Banque Triodos ciblent d’autres aspects du problème, comme l’expérimentation animale ou l’usage de certains produits d’origine animale.

Opposée à l’expérimentation animale, Triodos Investment Management refuse d’investir dans des entreprises qui y recourent sans y être légalement contraintes. Elle soutient, par contre, les entreprises qui encouragent des initiatives durables, comme le Partenariat européen pour la promotion des méthodes de substitution à l’expérimentation animale (EPAA). La seule exception concerne les médicaments, lorsqu’il n’existe aucune alternative fiable à l’expérimentation animale. Dans de tels cas néanmoins, l’entreprise est tenue d’avoir une politique claire fondée sur le principe des 3R : réduire, remplacer ou affiner (reduce, replace, refine).

Triodos Investment Management n’investit pas davantage dans des entreprises qui fabriquent ou vendent des produits à base de fourrure ou de peau d’animaux, à moins que celles-ci ne soient que des sous-produits (les animaux ayant été élevés ou chassés en premier lieu pour leur viande). Adidas est un bel exemple d’entreprise qui s’est dotée d’une politique claire en matière d’utilisation de la fourrure ou du cuir. Elle affirme notamment ne pas utiliser la peau d’animaux qui ont été élevés ou chassés en Chine et en Inde, deux pays aux pratiques très peu recommandables. Elle n’achète pas non plus de fourrure, de pelage ou de peau provenant d’animaux exotiques tels que des crocodiles, des serpents ou des requins.

L’union fait la force !

Couramment, Triodos Investment Management s’associe à d’autres investisseurs durables pour avoir un impact plus important sur les entreprises et faire évoluer positivement certaines problématiques sociétales.

En matière de bien-être animal, elle est à l’origine, avec 17 autres investisseurs institutionnels, de l’Investor Statement on Farm Animal Welfare, signé en mai 2016. Ces investisseurs de premier plan – avec des avoirs sous gestion de l’ordre de 1.500 milliards de livres sterling – s’engagent à inclure le bien-être animal dans leurs critères d’investissement et encouragent l’adoption de normes strictes par l’industrie agroalimentaire.

Triodos Investment Management soutient, par ailleurs, la plate-forme Farm Animal Investment Risk and Return (FAIRR), dont les membres veulent combler le manque d’informations parmi les investisseurs et les sensibiliser aux risques liés à l’élevage intensif et à des normes insuffisantes de bien-être des animaux. Comme dans les exigences minimales de la Banque Triodos, FAIRR prend en compte tous les aspects de la problématique, y compris l’utilisation du sol et le changement climatique. Ces différentes actions contribuent à mettre la question de la protection des animaux d’élevage à l’agenda des entreprises et des investisseurs au niveau international.

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